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occitan-touareg

Crise financière : de l'utilité de l'Etat par le professeur Dialla KONATE

4 Octobre 2008 Publié dans #Dialla Konate

Comprendre le système économique international entrain de se faire


Les instruments financiers et la perturbation actuelle du système financier international

0- Avertissement :
Ce texte constitue une lunette de lecture pour aider celles et ceux, certainement peu nombreux dans notre communauté, qui sont moins familiers que moi des langages et pratiques du système économique international et du système financier international. Si, comme je l’espère, vous ne faites pas partie de ce petit groupe de personnes alors lire plus loin sera pour vous une perte de temps.

1- Comment est faite une économie nationale ? Comment fonctionne t-elle ?

L’économie nationale d’un pays est un mécanisme composé formellement de trois parties qui sont : les entreprises (producteurs de biens et services), les ménages (consommateurs de biens et services) et l’Etat (arbitre- participant). Son principe fondamental est la Confiance.  Ce mécanisme fonctionne comme un moteur dont le carburant s’appelle la monnaie. La monnaie est produite par les banques qui font partie du système. La monnaie est aussi comparable au sang qui irrigue l’organisme humain et permet un échange entre les différentes parties du corps. Si de là, vous considérez que la qualité du système en entier dépend uniquement de la qualité et la quantité de monnaie, vous êtes un monétariste.

Il faut noter le rôle capital de l’Etat qui, en tant qu’agent-arbitre, doit détenir de la part de tout autre agent le coefficient de confiance le plus élevé. Cela signifie entre autres que comme agent-arbitre, l’Etat est impartial. L’Etat est l’agent le plus parfait du système économique. L’Etat est l’agent dans lequel chacun a le plus confiance.

2- Mais que signifie le mot « confiance » dans le système economique ?
Les évènements de base ayant lieu dans un système économique sont  de deux ordres qui sont : (1) prendre un engagement de livrer un bien ou service, (2) prendre un engagement d’acquérir un bien ou service. Lorsque les engagements sont tenus, il est procédé à l’échange du bien ou service contre un instrument ayant la valeur monétaire attribuée au bien ou service. Lorsque les engagements sont tenus en jour et en heure, on dit que la liquidation est effectuée correctement ou que l’affaire a un bon dénouement. Faillir à tenir un engagement de livraison ou de paiement en temps et en heure est ce qui détruit le système économique en affaiblissant la confiance en son sein. Le respect des engagements correspond au maintien de la confiance et donne de la valeur au système économique. Lorsque les engagements ne sont pas tenus, pour maintenir la confiance, l’Etat par les soins des tribunaux et en raison des  lois, rend un verdict impartial et exécutoire.

Note 1 : Si l’Etat lui-même est défaillant, il n’y a pas de système économique national au sens classique. De même, mettez un système économique efficace dans les mains d’un gouvernement sans crédibilité, alors ce système cesse d’être performant.

3- Quelle est la nature de l’économie américaine et son statut international ?

En Europe, en France en particulier, on considère que la monnaie est un élément important d’évaluation de l’économie nationale. Mais que la monnaie n’est pas une donnée immédiate dans cette évaluation. Selon les Européens les données immédiates qui déterminent la valeur de la monnaie et donc la valeur de l’économie sont : la production et la productivité. Mais du fait même que, par exemple le marché français de 60 millions de personnes est étroit, les français donnent une grande importance à la capacité d’exportation des biens et services produits. De ce fait, chaque pays Européen considère que le premier élément d’appréciation de son économie est le bon fonctionnement du moteur de celle-ci qui est l’exportation.

A la différence des Européens, les Etats-Unis, avec un marché solvable de 300 millions de personnes, le seul pays à pouvoir produire jusqu’à 95% des besoins de sa population, considèrent que la valeur de leur économie dépend de la consommation intérieure dont l’accès au crédit, l’acces à la monnaie est le moteur principal.

Note 2 : Cette différence entre les économies européennes et l’économie américaine permet de comprendre également les différences de fond entre une « diplomatie de type européenne » et la diplomatie américaine. L’Europe a besoins de partenaires économiques. De ce fait sa diplomatie recherche les accords négociés. Elle multiplie selon que  cela soit possible les ententes bilatérales ou les ententes multilatérales avec les pays tiers.

La diplomatie américaine, quant à elle, cherche à assurer un approvisionnement en matières premières, énergétiques surtout, de ses outils de production. Les raisons économiques font de la diplomatie américaine une diplomatie du 19eme siècle en cela que l’usage de la force militaire, y compris comme premier argument, est un élément de cette diplomatie. Cette diplomatie n’est disputée ni par le parti républicain ni par le parti démocrate.

En 1945 à Bretton Woods il a été créé un système économique international dont le but est de : (a) garantir la stabilité monétaire et éviter ainsi les variations brusques et amples de la valeur des biens et des patrimoines à l’intérieur du système.  De telles variations peuvent détruire la valeur de certains biens et ce faisant, peuvent jeter dans la pauvreté absolue un grand nombre de personnes du jour au lendemain ; (b) assurer la continuité des échanges internationaux de biens et services en garantissant la convertibilité des monnaies nationales entre elles. Ce dernier point consiste à assurer une création mondiale de richesses et consiste à assurer à chaque pays contractant un accès à la richesse mondiale en raison de la valeur de sa monnaie.

Autant qu’un système économique national le système de Bretton Woods nécessite la confiance et nécessite la présence d’un agent-arbitre garantissant le respect de son bon fonctionnement. Les Etats-Unis, son gouvernement et son économie ont été choisis dans ce rôle d’agent-arbitre.

4- Les instruments monétaires et financiers
Un instrument monétaire ou financier, en gros, est un papier émis par un agent économique ou émetteur auquel les autres agents reconnaissent une valeur convertible en monnaie. Un instrument est dit monétaire si le délai de son paiement est à court terme (généralement de un à 30 jours) et dit financier dans les autres cas. La convertibilité d’un instrument financier est garantie par deux choses qui sont: le niveau de confiance que les autres agents ont à l’endroit de l’émetteur et la garantie à laquelle est adossé l’instrument.

Par exemple Mr Coulibaly #1, est un homme respecté dans son village. Il cherche immédiatement disponible, la somme de 200.000Cfa. Pour obtenir cette somme, il met ensemble le titre de propriété de sa maison évaluée à 220.000cfa et un engagement signé de sa main sous la forme d’une promesse de payer à son créancier, dans 365 jours + 1 jour, la somme de 220.000cfa. Ce papier signé de sa main est un instrument financier. Cet instrument vaut la valeur de 220.000cfa. Elle est garantie par la confiance que les gens font à Mr Coulibaly #1 et par sa maison qui sera, le cas échéant saisie et vendue si, à terme échu, Mr. Coulibaly #1 n’arrivait pas à racheter l’instrument financier en remboursant son emprunt. Cette méthode de se financer par l’intermédiaire de cet instrument financier garanti (prêt garanti ou prime loan ou prime) est risqué pour Coulibaly #1 (le risque est sa maison) mais saine pour l’ensemble du système économique car elle enclenche un processus d’échange promis à un bon dénouement. Le bénéfice pour l’ensemble du système est maigre. Cet échange ne produit que 10% d’intérêt sur un an soit pour 200.000Cfa empruntés il crée seulement une richesse de 20.000Cfa.

5- Les instruments monétaires hautement productifs et la spéculation

5.1- Les subprimes loans
Mr Coulibaly #2 a également besoin d’argent. Il n’a pas de maison mais jouit de la confiance des habitants du village. Lui aussi. Lui aussi décide d’émettre un instrument financier du même type que le précédent mais portant une valeur de 500.000Cfa. Cette fois ci l’instrument n’est garanti que par la seule confiance que les autres agents accordent à Coulibaly #2. Un autre agent, Mr Touré #2 accepte de lui prêter les 500.000Cfa contre cet engagement non garanti. Ainsi débute une méthode risquée pour chacun des partenaires. En raison de ce risque le prêteur Touré #2 dit qu’il accepte l’instrument pour uniquement 50% de sa valeur faciale c'est-à-dire 250.000cfa. Il remet donc à Coulibaly #2 la somme de 250.000 Cfa contre l’instrument qui est un engagement de Coulibaly #2 à payer 500.000Cfa. Si tout se passe bien, Touré #2 aura réussi à créer de la richesse à un taux d’intérêt de 50% en gagnant 250.000Cfa en un an. Pour Touré #2 existe le risque de ne rien avoir du tout au cas où Coulibaly #2 ne peut pas payer à terme échu. Touré #2 est commerçant et a une boutique. Puisqu’il est clairvoyant, il envisage de se protéger contre ce risque de ne pas être payé. Il a un fournisseur qui le connaît très bien et qui lui fait confiance. Ce gros fournisseur est Touré #3. Touré #2  va voir Touré #3 auquel il propose en paiement immédiat la somme de 200.000Cfa si celui-ci acceptait d’ajouter sa signature sur cet engagement émis par Coulibaly #2. Touré #3 vend à 200.000Cfa sa signature qui devient une assurance pour Touré #2 d’être payé. A ce stade, on a deux données nouvelles qui sont :
- l’instrument de 500.000Cfa émis par Coulibaly #2 qui était non garanti (subprime loan) est à présent sécurisé par la signature de Touré #3. Cette signature de l’homme le plus riche de la ville fait que le prêt est désormais garanti (prime loan) ;
- Touré #2 est désormais non seulement assuré d’être payé mais il est aussi assuré de faire un bénéfice net de 50.000Cfa sur l’ensemble de l’opération. Soit un gain de 10%.

 Sur ces entrefaites arrive Coulibaly #3 un autre commerçant qui a lui aussi urgemment besoin de 500.000Cfa. Touré #2 cède à Coulibaly #3 cet instrument, garanti, à 500.000Cfa de valeur à un taux de 100%. Autrement Coulibaly #3 prend cet instrument garanti et remet à Touré #2 un instrument non garanti à 1million de valeur faciale payable dans 365jours + 1 jour.

Ainsi en 24heures, avec un instrument non garanti (subprime) de 500.000cfa émis par Coulibaly #2, on a distribué immédiatement 450.000Cfa (250.000Cfa à Coulibaly #2, 200.000Cfa à Touré #3) et 1 million seront pris par Touré #2 faisant un bénéfice net de 1million50.000Cfa à terme échu. Cette chaine où le risque n’est jamais totalement couvert mais qui rapporte beaucoup d’argent s’appelle de la spéculation. En 365 jours, la spéculation aura créé 1.500.000Cfa à partir d’un bout de papier signé par Coulibaly #2. La spéculation a permis de créer une richesse de 1.500.000Cfa à partir d’un instrument de 500.000Cfa de valeur faciale. Cela fait une rentabilité de 300%. La spéculation permet, via le risque, d’amplifier le gain dans les transactions financières et de transformer un rythme de création de richesse qui n’était que de 10% en 300% pour l’ensemble du système économique. Mais la spéculation est liée au risque.

5.2- Encore plus de rentabilité (hyper-rentabilité) avec les produits financiers dérivés
(Derivative instruments ou derivatives)

Précédemment la spéculation reposait sur des risques pris sur des activités réelles. Des agents économiques faisant office de commerçants vendent des produits et services. Par la spéculation ils créent de la richesse à un taux de 300% pour l’ensemble du système économique en prenant des risques sur les revenus futurs qu’ils espèrent retirer de leurs activités.
Comme le capitalisme repose sur le gain individuel et si possible, le plus élevé, les spéculateurs ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont cherché à accroître encore plus leurs revenus. Ils ont trouvé les instruments pour cela. Ces instruments sont les produits financiers appelés dérivés du fait qu’ils ne sont reliés à aucune activité productive. Visitons-les en mettant en scène certains enfants des acteurs précédents.

Coulibaly Junior (Coulibaly Jr) n’exerce aucun métier mais passe sa journée à jouer au loto et à parier sur les courses de chevaux. Ce matin est dur car il se réveille sans même avoir en poche les 100Cfa dont il a besoin pour le premier pari du jour. Qu’à cela ne tienne, il se dirige vers le stade local où s’entraînent les joueurs de foot. Là il est certain de rencontrer beaucoup de jeunes gens. Il en isole 365. Il leur déclare qu’il peut gagner jusqu'à 300.000Cfa par jour en jouant au loto et en pariant sur les chevaux de course. Il demande aux personnes qui lui font confiance de lui remettre, chacun, 100.000Cfa. Il promet de rembourser le double soit 200.000Cfa. Ces 365 lui font confiance et lui apportent séance tenante 100.000Cfa chacun. Cela lui fait dans la main 36.500.000Cfa. Il leur remet des bouts de papier signés pour un montant total de 73 millions Cfa. Chacun des jeunes va voir son père commerçant auquel il vend l’instrument de 200.000Cfa contre 150.000Cfa cash. Cela fait entre les mains des jeunes une somme totale, immédiatement disponible de 54.750.000Cfa. Chaque commerçant va ensuite à sa banque pour emprunter 200.000 contre ces instruments. Chaque commerçant fera ainsi un bénéfice immédiat de 50.000Cfa. Les commerçants se retrouvent, 2 heures après avec un total de 73 millions. Chaque banque cherche et obtient une garantie de son assureur pour un coût égal à 50% de la valeur faciale de l’instrument. Les assureurs récoltent également en 5 minutes 36.500.000Cfa. Mais à partir de ce moment ces instruments totalement sans garantie en ont une. Avec ces instruments désormais garantis, les banques lèvent auprès de la Banque centrale 6 fois le montant en papier comme la législation le leur permet. Cela fait 438 millions entre les mains des banques. Donc en une journée, on a créé 638millions750mille à partir d’instruments qui ne reposent sur aucune activité ni sur aucune garantie. Coulibaly Jr a vendu le risque qu’il a de prendre des risques. C’est cela un exemple de produit dérivé. Aux Etats-Unis où les transactions  sur les produits dérivés n’étaient pas régulées, des banques ont levé jusqu'à 45 fois la valeur faciale des instruments en mains. Dans notre cas, cela aurait fait entre les mains des banques 3milliards285millionsCfa en 24 heures. Cela est vraiment bien payé. Sauf que dans 365 jours, tous les paiements seront dus et tous les instruments reviendront à Coulibaly Jr qui doit honorer le paiement des 638millions750mille ou (3milliards485millions750milleCfa si les transactions avaient eu lieu aux Etats-Unis). Finalement toute la chaîne de spéculation hyper-rentable repose uniquement sur Coulibaly Jr qui n’a même pas, au départ dans sa poche 100Cfa. S’il n’a pas réussi à gagner 200.000Cfa par jour pendant 365 jours alors tout le système s’écroule. A moins qu’un autre agent qui peut bien être l’Etat ne vienne, en utilisant les impôts payés par de braves travailleurs dont certains gagnent le salaire minimum garanti, prendre tous les paiements dus, à sa charge. C’est ce qui est arrivé aux Etats-Unis où chaque jour des milliers de Coulibaly Jr s’amusent à ce jeu très lucratif pour leur intérêt personnel.

Note 3 : Il semble que seules les banques ayant fait des « leverage » à un taux au delà de 35% ont eu des problèmes.
Cela justifie que celles des banques européennes n’ayant pas acheté d’instruments financiers privés américains peuvent être à l’abri de la crise actuelle. Cela vient des règles prudentielles européennes qui :
- interdisent aux banques un « leverage » avec des taux supérieurs à 5 ;
- ne reconnaissent pas  la dérégulation que les américains accordent aux activités des banques d’investissement. En Europe, les banques sont en général en même temps banques commerciales et banques d’investissement. La règle du partage des activités en Europe est 75% d’activités commerciales et 25% d’activités d’investissement. Les activités commerciales comme les activités d’investissement respectent la législation européenne en la matière. Il faut noter cependant que des banques européennes ont eu (et probablement ont encore) des filiales dans les paradis fiscaux où leurs activités échappent à toute législation.

Pour être juste il n’est pas correct dans l’absolu de dire que les banques d’investissements américaines ne sont sujettes à aucune régulation. Elles sont en effet soumises à une règle. Cette règle est qu’il faut être riche, très riche pour être client dans une banque d’investissement. Entre 1998 et 2007 il fallait posséder une richesse personnelle de 50 millions de dollars et plus pour pouvoir être admis dans le cercle fermé des spéculateurs. Ce seuil, en août 2007 a été relevé à 100 millions de dollars. Sans doute pour exclure des personnes comme Coulibaly Jr qui pouvaient, avant 1998, être sans un sous en poche, emprunter de l’argent  pour spéculer.

La sagesse relative des banques Européennes, pour sa part s’explique. En effet la richesse privée et même publique en Europe repose largement sur du patrimoine constitué de propriétés construites (immeubles anciens, châteaux, etc.…) et de propriétés terriennes. Un gestionnaire d’un patrimoine constitué a toujours été plus prudent que quelqu’un qui cherche à en bâtir un.
Si en Afrique, au Mali en particulier il serait dangereux de rechercher des investissements hyper-rentables, il est impossible, d’un autre coté d’atteindre les objectifs de développement avec les rémunérations offertes par les banques locales. Au Mali les banques authentiques restent à créer. Celles qui existent sont, en réalité, de simples banques de dépôt se rémunérant pour le service de gardiennage qu’elles offrent en prélevant des « agios » sur les dépôts effectués auprès d’elles.

6- La crise actuelle est-elle une nationalisation de banques ?

Bien évidemment non. Ce que nous voyons actuellement est juste la mise en pratique d’un principe néolibéral qui est de « privatiser les profits et de nationaliser les pertes ». Tant que la spéculation à haut revenu sur les produits financiers dérivés rapporte aux banques (d’investissement donc non soumises à aucune législation aux Etats-Unis), elles gardent leurs bénéfices et payent grassement leurs dirigeants. Maintenant qu’elles manquent de liquidité et devraient être mises en faillite, on fait payer les pertes par les simples citoyens. En 2007 les principaux dirigeants des principales banques d’investissement ont touché, sous forme de « bonus » uniquement, 62 milliards de dollars. Maintenant les pertes identifiées à la vue des instruments arrivés à terme et non solvables est de 2millemilliards de dollars. Bien entendu ces dirigeants gardent ce qu’ils ont déjà mis en poche et en plus, en général, ils ne paient pas d’impôts. Car il faut savoir que les spéculateurs, en général, se sont constitués en personnes morales installées dans des boîtes aux lettres domiciliées dans les paradis fiscaux des Caraïbes où ces gens passent leurs weekends en s’y rendant dans leurs avions privés ou leurs yachts privés.

7- Quelques surprenantes révélations de la crise

La crise financière actuelle a révélé que la dette actuelle des Etats-Unis a atteint 10millemilliards de dollars dont 33% sont dus à la Chine. La Chine a financé et continue de financer le déficit américain en achetant des bons du trésor US. La Chine a également la clairvoyance dans la situation actuelle de ne pas aggraver la crise en mettant ses bons du trésor sur le marché ou en ralentissant le rythme de ses achats de bons du trésor américain.

Si McCain était élu l’application de son programme économique fera culminer ce déficit à 18millemillirads de dollars tandis que l’élection de Obama « ne fera » monter cette dette « qu’à » 15millemillirads de dollars.

8- Cette crise durera –t-elle ?
A mon avis si la régulation est mise en place pour éviter que la cupidité individuelle ne prenne le dessus sur le marché monétaire et financier alors, d’ici un an, une bonne partie sinon tout le terrain perdu sera rattrapé.

Il suffit de trouver des règles pour permettre de faire de l’argent avec du papier sans se faire écrouler le système économique et financier tout entier. Je parie que parmi les règles qui seront fixées, sans doute la première sera d’élever encore le niveau de richesse minimum requis pour devenir investisseur. Autrement dit pour être autorisé à devenir encore plus riche à l’aide de bouts de papier, il faudra être déjà très, très, très riche. Même si au départ, avant 1998, on était très pauvre et que l’on est devenu très riche en spéculant. Pour information George Soros l’un des spéculateurs les plus connus au monde, fondateur de la banque d’investissement du nom de « Quantum Funds » déclare avoir gagné, quelque fois, en un seul jour plus d’un milliard de dollars soit plus de 500 milliards Cfa. En de tels jours, cette seule personne gagne plus que l’ensemble du budget 2008 de l’Etat malien !!!!!

9- L’Afrique sera-t-elle touchée ?

La réponse, bien entendu, est oui. Les compagnies internationales exploitant les matières premières en Afrique sont touchées. Les compagnies propriétaires des bateaux transportant les biens de l’Afrique vers le monde ou du monde vers l’Afrique, sont touchées. Et puis, les gouvernements qui donnent de l’argent aux gouvernements africains sont touchés.
L’autre bonne question intéressante est : les gouvernements africains réagissent-ils ? Comme d’habitude, la réponse est courte. Elle est NON.

10- Moralité de l’histoire
A mon avis cette crise qui ne ressemble à aucune autre précédente ne prouve pas l’incapacité du marché à s’autoréguler, encore moins, n’est pas le signe final de la faillite du capitalisme comme Karl Marx l’a annoncé depuis plus de 150 ans. A mon avis cette crise est la preuve par l’absurde et le drame du besoin d’un régulateur absolu de l’économie nationale qui est l’Etat. Un Etat démocratique, régulateur avec en vue l’objectif supérieur des intérêts nationaux.  Un enseignement majeur à tirer, à mes yeux, est que sans régulation de la part d’un Etat bénéficiant de la confiance populaire, un marché guidé par l’appât du gain personnel ne peut s’auto réguler et va vers la catastrophe. En définitive, comme la crise actuelle le montre, la responsabilité du bon fonctionnement du système économique, qu’il soit national ou international, est politique.

Dialla Konate
1 octobre 2008
Texte corrigé le 3 octobre grâce à Sada Diarra, Cherif Haidara et Djiguiba Keita.
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