Touareg, Occitans, à la recherche d’une unité improbable
Mali, Niger, Algérie, à la recherche d'une unité touarègue
Il est un secret de polichinelle que certains avaient occulté un peu trop vite : la nation touarègue (le peuple touareg) est divisé. Castes, clans, tribus, groupements, corruption, sont les maladies chroniques de cette nation en construction. N'oublions pas que tous ces maux sont savamment entretenus par les ennemis des mouvements de libérations nationales.
Les Touareg ne sont pas un cas isolé. Chez nous en Occitanie les guerres idéologiques traversent l'ensemble du peuple occitan. La grande majorité de celles et ceux qui vivent sur le territoire occitan sont pro-français, persuadés que la gauche pour les uns, la droite pour les autres ou les extrêmes n'ont qu'à prendre le pouvoir à Paris pour résoudre les difficultés sociales-économiques-culturelles de notre pays ; les autres, minoritaires, se fragmentent entre Nissarts anti-provençaux, Provençaux anti-occitans, culturels anti politiques, la série serait trop longue à énumérer.
Ce qui se passe chez nos amis touareg ne surprend donc pas les nationalistes occitans que nous sommes !
Toute mauvaise nouvelle en cache une bonne et avec l'apparition du GATIA la situation en Azawad (Nord-Mali) devient officiellement un peu plus claire, les loups sortent du bois.
Nous le savions depuis longtemps, le Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA) va devoir affronter l'ensemble des populations vivant sur ce territoire, qu'elles soient arabes, peules, songhaïs ou touarègues, nous sommes enfin entré dans le principe de réalité.
De même qu'en Occitanie le drapeau français est encore vénéré, signe d'aliénation, il en est ainsi pour le drapeau malien en Azawad. Qui peut croire à la pérennité d'un "Peuple multi-ethnique" sur le territoire de l'Azawad ?
Ainsi le GATIA (Groupe Auto-défense Touareg Imghad et Alliés), nouvelle milice faisant le pendant à Ganda Koye, voit le jour.
A sa tête Fahad Ag Almahmoud (un touareg), va pouvoir opérer à découvert. Bamako et ses alliés financent ce groupement de miliciens hétéroclites grâce à l'argent de la corruption, issu des différents trafics ou de l'aide internationale, mais c'est de "bonne guerre".
Après les rencontres d'Alger et la feuille de route qui en est sortie, les discussions doivent reprendre le 1er septembre 2014 en compagnie de ce nouveau mouvement pro-malien (GATIA), s'il est accepté par la Mission de l'ONU, le MNLA et les autres... à suivre.
Six groupements parlementent à Alger (HCUA / MAA / MAA-dissident / CPA / CM FPR / MNLA)* il faudra donc agrandir le cercle pour en intégrer un septième : le GATIA.
Il serait temps qu'un vrai parti politique autonomiste ou indépendantiste se crée chez les touareg et organise un travail de fond auprès de l'ensemble des populations de ce territoire et qu'il ne persiste pas dans cette erreur de vouloir construire un nouvel État multi-ethnique tel le Mali, avec des touareg qui domineraient des populations peules-arabes-songhaïs. Si cet Azawad est une première étape vers une évolution géographique future des frontières c'est une bonne chose mais si c'est une fin en soi c'est une nouvelle catastrophe à prévoir. Remettre en cause l'héritage des frontières issues de la colonisation signifie remettre en cause l'ensemble du découpage du Mali. Couper le Mali en deux n'a aucun sens si ce n'est que de recopier les erreurs du passé.
Quant aux Imghads de Gamou il faudrait qu'ils comprennent que depuis l'indépendance du Mali (et avant déjà) ils ne sont que les marionnettes des ennemis de la nation touarègue et leurs intérêts se trouvent du côté des vraies patriotes touareg du MNLA.
L'achak * devrait inciter les Imghads à laisser Gamou et ses sbires se perdre au fin fond de la poubelle de l'histoire.
En souhaitant de tout cœur que le Peuple touareg trouve un jour le chemin de son unité et de son indépendance sans oublier le Peuple songhaï qui devrait envisager lui aussi de marcher vers son unité et sa libération.
En souhaitant que les négociations à Alger ne finissent pas comme chez les frères voisins du Niger, en queue de chameau !
Pellet Jean-Marc 18/08/2014
Lire quelques articles :
- articles de fond sur crisisgroup.org
Mali : éviter l'escalade N°189 juillet 2012
Mali : réformer ou rechuter N°210 janvier 2014
- ifri
Ch. Grémont / Touaregs et Arabes
- sur maliactu
- sur DW
- sur RFI
* HCUA (Haut Conseil de l’unité de l’Azawad)
MAA (Mouvement arabe de l’Azawad)
CPA (Coalition du peuple pour l’Azawad)
CMFPR (Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance)
MLNA (Mouvement national de libération de l’Azawad)
* achak : La société touarègue n'a pas de code écrit. Elle possède un code de conduite morale appelé Achak, l'ensemble des règles sociales que chacun doit observer pour la pérennité de la société dans l'environnement hostile qui est le cadre de vie du Touareg, Achak impose à chacun un comportement digne dans la perspective d'affronter les difficultés ambiantes : la soif, la fatigue, le désespoir, la maladie ou le chagrin.
- voir le site : lamédiathèque