L'État français n’est pas une véritable démocratie
Nous Occitans savons, que l'État français n’est pas une véritable démocratie. Nous n’allons pas refaire le catalogue de ses violations permanentes des droits de l’homme :
Refus de ratifier la Charte européenne des langues dites régionales avec toutes les conséquences possibles.
Refus de reconnaitre l'occitan comme langue co-officielle sur toute l'étendue du territoire ou elle est parlée.
Refus aussi d’accorder l'autonomie politique et même l'indépendance à notre pays.
Ceci en violation du droit internationalement reconnu des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce droit est tellement évident que j’ai de la peine à comprendre pourquoi il n’est pas imposé d’autorité par l’organisation des Nations Unies et l’Union Européenne.
Nous savons que l’État français n’est pas démocratique. Nous pouvons en donner de multiples exemples. Par exemple la désocialisation de la langue occitane, conséquence de l'obligation d’enseignement dans la seule langue française (là aussi en contradiction avec les textes internationaux). Cette mutilation, bien sûr, trouve son origine dans des lois imposées, des édits tombés de Paris et non pas dans une volonté populaire. Imaginez une seconde que, quand l'enseignement obligatoire et généralisé dans l'État français, se mit en place, le dit État ait par referendum donné le choix de la langue d'enseignement aux Bretons, Occitans, Corses, Allemands d'Alsace, etc…
Au 19ème siècle, il est sûr que ces peuples qui n’étaient pas alors encore francisés, auraient choisi leur langue. A propos d'enseignement, notons que c’est une très bonne chose que tous les États développés du monde l'ait mis en place. Cependant, les jacobins français voudraient nous faire croire que seule la France a été capable de fournir l'éducation à tous ses citoyens. Et plus d'un, à force de se monter le bourrichon, arrivent à y croire !
La politique de négation de toute nation autre que la nation française sur l'espace du territoire de l'État, c’est tout bonnement de l'impérialisme. C’est une évidence, mais pas une banalité de le dire tellement la pression politique et sociale est forte sur ceux qui osent l’affirmer.
L'impérialisme français travaille quotidiennement et concrètement a la disparition totale de notre identité et donc de notre propre existence en tant que peuple.
Pour arriver à accomplir son forfait tout est bon pour l'oppresseur : Les diktats d'un État au fonctionnement démocratique relatif (j’y reviendrais) où domine un Monarque Président tout puissant. Ces diktats résultent d'une vieille tradition mentale de soit - disant supériorité qui date du temps où l’Eglise Catholique maitrisait le pouvoir politique et déclara la France comme sa " Fille ainée ". Longtemps, et c’est malheureusement encore d'actualité, les Français se sont pris pour l'élite de l'humanité (complexe démesuré de supériorité). Leur folie les porte même encore aujourd'hui à trafiquer les chiffres pour affirmer mordicus que " la plus belle langue du monde " est encore la quatrième langue la plus parlée dans le monde (Je l’ai lu récemment dans un quotidien occitan d’expression française).
Mais peu importe ! Aujourd’hui je veux vous parler du fonctionnement anti-démocratique de l'État français dans sa vie politique interne. Première aberration, il ne peut pas y avoir d'État démocratique appuyé sur un empereur-président. Parler d'un régime politique présidentialiste comme le font les media français c’est reconnaitre un régime bonapartiste. Et comme le système jacobin n’en est pas à une contradiction près, ou plutôt à une tromperie près, les médias parisiens (qui sont le pilier principal du système idéologique) passent leur temps à dénoncer le régime turc qui glisse vers un modèle présidentialiste-autoritaire sans jamais dire que le système voulu par Recep Tayib Erdogan n’est pas plus ni moins a-démocratique que le système monarco-présidentialiste à la française. C’est l’hôpital qui se fout de l'infirmerie ! Le système français prend les citoyens pour des imbéciles après les avoir formatés (dès l'école) pour avaler des aberrations sans la possibilité de la moindre critique. Ils sont lobotomisés avec un cerveau retaillé en forme d'hexagone. Ils devraient lire Lo Lugarn plus souvent !
Ceci dit, à mon avis, un démocrate sensé doit refuser de participer tous les cinq ans à l'élection présidentielle en France. La France est le seul État d'Europe qui s'appuie sur un système présidentialiste. Toutes les autres démocraties, et même les monarchies parlementaires, comme leur nom l'indique, s'appuient sur les Assemblées élues pour définir leur politique. On dirait que la France n’a jamais pu faire le deuil du dictateur Napoléon. Probablement parce que celui-ci avait étiré la France de l'Andalousie à la Pologne en mettant toute l’Europe à feu et à sang. Passons …
Comment aliéner plus le peuple et lui enlever tout sens critique que d’organiser tous les cinq ans l'élection de l'empereur-président ? Ce début d'année 2017, nous, nationalistes occitans, nous avons souffert. Nous avons eu droit à un cirque médiatique sans précédent et qui, malheureusement, va crescendo pour chaque présidentielle. (Pour ceux qui ne savent pas encore pas éteindre leur téléviseur) nous avons eu droit tout d'abord aux primaires de la droite et de la gauche. Spectacle plus que pitoyable pour ce que j’en ai vu (Je ne regarde pas les chaines françaises à part un peu France 3). Puis vint la campagne.
Je l’ai déjà dit, d'un point de vue éthique un État démocratique devrait uniquement s’appuyer sur un Parlement élu à la proportionnelle intégrale. Mais quand il transgresse les principes démocratiques, le système français ne le fait pas à moitié. Les candidats à la fameuse élection ne sont même pas égaux ! Selon la terminologie du système jacobino-autoritaire il y aurait des " petits " et de " grands " candidats. Il y a quelque chose qui cloche au royaume républicain franco-français. Selon la doctrine et la Constitution, tous les citoyens sont politiquement égaux. Tous égaux les citoyens ? Probablement égaux avant qu’ils soient candidats (et pas seulement à la présidentielle).
Parce que, patatras ! aussitôt que les citoyens sont candidats, il y en a qui diminuent et d'autres qui augmentent : il y a les " petits candidats " et les " grands candidats ". Selon que tu es dans les appareils du système ou en marge du système tu seras un "candidat majeur" o un " candidat mineur". Si tu es un candidat arbitrairement classifié de "secondaire", la presse écrite ne parlera pas de toi. Les radios ne te poseront pas de micro sous le nez et les télévisions ne te filmeront pas.
Je ne parlerai pas ici d’argent car chacun sait que la logique du système étant ce qu'elle est, pour postuler aux présidentielles il vaut mieux être le champion d'un parti soutenu par le système lui-même ou alors millionnaire.
La peur bleue du système est qu'un petit devienne grand. Le système impérial jacobin s'est aisément accommodé de la montée du Front National. C’est lui qui l’a créé. C’est une évidence que le FN n’est pas une créature ex nihilo. C’est un monstre sorti logiquement de l'idéologie impériale jacobine portée à son paroxysme. D'ailleurs il faut voir avec quelle facilité l'électorat communiste est passé au FN. Si le programme social n’est évidemment pas le même dans les deux partis, le fonds idéologique de la suprématie de la nation française sur les autres est le même. Alors rien d'étonnant à ce que les cloisons soient poreuses entre tous les partis français.
Pour en revenir à l'organisation de la campagne électorale pour les élections présidentielles, les temps de propagande dans les médias ont été scandaleusement disproportionnés entre les candidats, toujours divisés entre les " petits " et les " grands ".
La chose n’est pas nouvelle, mais cette année ça s’est aggravé. A un point tel que lors du premier débat télévisé cinq candidats seulement sur les onze eurent droit à y participer.
Les six autres ne seraient pas de citoyens comme les autres ? Qu'ont-ils de moins que les "grands " ? Ce qui est le plus scandaleux c’est que tout le système français de l'extrême gauche à l’extrême droite, emploie contre toute éthique démocratique, le même vocabulaire de " petits candidats " et de " grands candidats ".
Pendant cette campagne, coincé surs la planète France, j’ai souvent eu l'impression d'être un des rares à y porter un œil critique. Plus d’une fois une terrible sensation d'isolement m’envahit. Combien de temps encore la démocratie européenne tolérera-t-elle l'exception totalitaire française ?
Sèrgi Viaule
(Traduit de l’Occitan par Gèli Grande)