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SNCF, un service encore public ?

13 Juin 2018 , Rédigé par Pellet Jean-Marc Publié dans #occitanie, #TRIBUNE LIBRE, #Lo Lugarn

Le trimestriel occitan, Lo Lugarn, va sortir de l'imprimerie sous peu.

Ce numéro 126 est déjà lisible en ligne au format pdf.

Cette revue du Parti de la Nation Occitane vous propose des articles en Occitan et en Français.

Vous pourrez retrouver à Rodez lors de l'Estivada au stand "Lo Lugarn" les responsables de notre brochure.

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Chroniques de la république dite « française »

La SNCF peut-elle s'ouvrir à la concurrence tout en conservant toutes les petites lignes "d'intérêt local" ?                              
par Bernard Fruchier

    Si cette question se pose, c'est que l'on refuse depuis longtemps de définir ce qu'est le service public. Depuis en 1945, on s'appuyait, sans discuter de sa véracité, sur l'équation bien connue : service public = entreprises nationalisées ou étatiques.

L'Europe du capitalisme financiarisé a contraint la France à ouvrir ces entreprises à la concurrence au prétexte d'un meilleur service, l'État étant, paraît-il, un très mauvais gestionnaire : c'est à se demander alors à quoi peut bien servir l'ENA ! Si cette efficacité supérieure de l'entreprise privée était réelle, les sociétés d'autoroutes n'auraient pas besoin d'augmenter leurs tarifs pour le plus grand profit de leurs actionnaires ! Tout le monde sait aussi que l'eau est moins chère dans les communes qui ont conservé sa gestion en régie municipale. D'ailleurs, si l'entreprise capitaliste "libérale" était un parangon de réussite et d'efficience, il n'y aurait pas autant de faillites, de fermetures d'entreprises et de délocalisations.

    Mais ce n'est pas le problème principal. Si la France des cinq grandes fermes (aux mains des fermiers généraux) antérieures à la révolution française possède une certaine cohérence géographique et historique (voire sociologique) les territoires conquis progressivement - et dans la douleur - par la monarchie capétienne et jalousement conservés par les jacobins présentent une grande diversité.

    Pour assurer ces conquêtes impérialistes passées, l'État jacobin a donc dû se lancer dans une grande entreprise d'uniformisation en envoyant ses hussards noirs jusque dans les communes les plus reculées prêcher la bonne parole, l'histoire "nationale" trafiquée et mensongère et surtout la bonne langue.

    Sur le plan de l'égalité des conditions, l'étatisation a toutefois permis une péréquation, les plus riches payant pour les plus pauvres, les lignes rentables pour celles qui, bien qu'indispensables, ne pouvaient parvenir par leur seule clientèle à l'équilibre financier.

    De même, un maillage serré de services publics (maternités, dispensaires, perceptions, bureaux de poste, tribunaux) a été mis en place et a laissé croire pendant quelque temps que l'extension des fonctions régaliennes de l'État présentait un avantage pour les populations.

    Toutefois, cette heureuse époque est terminée car, depuis la libération mais surtout depuis la fin des 30 glorieuses, (1945-1973) le déménagement du territoire est organisé par le pouvoir de façon à vider les campagnes au profit des métropoles. Et l'injustice des conditions devient de plus en plus criante, ne laissant aux malheureux qui la subissent que la solution - si critiquée par les politiciens "moralistes" - du vote pour les extrêmes.

    Certes, le macronisme triomphant (provisoirement) ne s'en prend pas en même temps à toutes les catégories sociales : un jour les fonctionnaires, un autre les retraités, la SNCF, les chômeurs, les migrants et même, désormais, les familles (suppression envisagée du quotient familial) sont montrés du doigt. Et le bon peuple, ne pouvant obtenir une amélioration de ses conditions de travail ou de son pouvoir d'achat, se satisfait de voir se détériorer ceux des autres.

    Si le FN joue sans doute sur la haine de l'autre, le pouvoir s'appuie sans vergogne (et au nom d'une conception pervertie de la justice sociale !) sur la jalousie la plus basse et la plus stupide qui consiste, en l'absence d'égalisation par le haut, à préférer au moins le nivellement par le bas.

    La suppression des lignes non rentables, mais aussi des hôpitaux, maternités, perceptions, centres de secours, gendarmeries, tribunaux, s'inscrit dans ce projet de concentration dans les métropoles et de soumission de la campagne à la ville.

C'est pourquoi une girondinisation de la république ne pourrait désormais plus se contenter de donner des pouvoirs aux régions (centrées précisément sur des métropoles) mais surtout serait contrainte de réaménager de fond en comble le territoire.

    C'est là que l'on aurait besoin des petites lignes, "non rentables" comme tous les services précédemment cités, mais aussi du maintien des petites communes dont les élus assurent presque gratuitement des fonctions indispensables dont l'exécution par de nouveaux fonctionnaires ou, pire, par des contractuels serait encore moins rentable et surtout inefficace.

    Cette girondinisation est de plus en plus demandée par les élus de base qui constatent chaque jour que l' Ėtat se décharge sur les régions de ses fonctions, dont celle de péréquation, sans leur accorder ni crédits supplémentaires ni responsabilités réelles.

    Les "maires de France" sont en train de comprendre dans quel mépris les tient l'État jacobin et commencent à se rebeller. Enfin ! Ils y auront mis le temps !

Pour en revenir aux petites lignes, non "rentables" par définition, le problème est de savoir qui doit les payer : l'usager, la région, la SNCF, l'État ? Jadis, on considérait que les bénéfices de certaines lignes devaient combler les déficits des autres. La nouveauté réside dans le fait que la SNCF ne possède plus vraiment de lignes rentables depuis que la priorité a été accordée à un TGV moins intéressant à l'usage qu'à l'exportation et que la SNCF s'est ouverte à la concurrence.

    Tout le monde le reconnaît aujourd'hui : la dette de la SNCF est le résultat de choix politiques désastreux (et purement symboliques comme l'étaient, en leur temps, le France et le Concorde) concernant les LGV (lignes à grande vitesse).

La solution sera alors de supprimer ces petites lignes pour les remplacer par des services de cars, faisant ainsi perdre au pays (à la nation, comme disent pompeusement les jacobins) toute l'infrastructure des voies, ponts, tunnels, gares, qui constitue pourtant une réelle richesse patrimoniale et aggravant encore plus l'exode rural.

    Certains écolos de salon seraient d'ailleurs enchantés de voir loups et sangliers remplacer dans nos montagnes agriculteurs, éleveurs et forestiers. Face à la légitime angoisse devant les catastrophes environnementales provoquées par l'action de l'homme, afficher sa haine de l'humanité et son désir de la voir disparaître est devenu tendance dans certains milieux.

    Plus que jamais se vérifie l'actualité, non seulement de l'ethnisme au vu des événements politiques dans le monde, mais encore des solutions proposées par différents courants occitanistes - dont le PNO - qu'il s'agisse de fédéralisme, de priorité aux communes, de liaisons est-ouest (per ont cal passar per anar a Narbona ?), d'énergies alternatives, de réaménagement du territoire, de sauvegarde des cultures locales.

 

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