Le génocide voilé, de Tidiane N’Diaye
Le but n'est pas d'hotter la culpabilité des "blancs" lors de l'exploitation des esclaves africains, mais de dire simplement que d'autres que les "blancs européens" firent aussi bien...
Jean-Marc Pellet
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Texte original en Occitan de Sèrgi Viaule, traduit en Français par Gély Grande.
Compte-rendu d’un livre un peu ancien mais encore plus d’actualité que lorsqu’il fut publié et que, le très politiquement correct et islamophile journal quotidien numérique en occitan, refusa de publier.
« Le génocide voilé » de Tidiane N’Diaye. Éditions Gallimard.
Collection « Continents noirs ». Dépôt légal : décembre 2007. 250 pages.
L’auteur, Tidiane N’Diaye, est anthropologue et économiste. Il est surtout un spécialiste des civilisations négro-africaines. Il a Publié de nombreux ouvrages en sciences humaines à propos du continent africain. Dans ce livre il insiste sur le fait que la déportation esclavagiste des Arabo-musulmans en Afrique, a empêché ce continent de se développer normalement. Les ponctions démographiques ont été colossales pendant treize siècles. Et même si le commerce des esclaves perpétré pendant deux siècles par les Européens a participé à l’appauvrissement du continent, selon l’auteur, c’est bien la longueur dans le temps et aussi le volume démesuré des déportations esclavagistes des Arabo-musulmans, qui furent la cause et sont encore une des causes principales du sous-développement actuel de l’Afrique.
Le commerce esclavagiste arabo-musulman commença dès 652. Dans son introduction, l’auteur écrit : « Des millions d’Africains furent razziés, massacrés, capturés, châtrés et déportés vers le monde arabo-musulman. Et ceci dans des conditions inhumaines, en caravanes à travers le Sahara ou par mer à partir des comptoirs à chair humaine d’Afrique orientale. Telle était en réalité le but premier de la majorité des Arabes qui islamisèrent les peuples africains ». Selon lui il n’y a aucun doute sur le sujet : « Historiquement le commerce des esclaves est une invention du monde arabo-musulman ». Selon son analyse cela a été une entreprise gigantesque qui aurait pu amener, pas loin, de la disparition totale de certains peuples noirs sur le continent africain. Une extinction ethnique programmée qui relève bien du génocide. Pour éviter que les esclaves noirs ne se reproduisent, ou pire encore ! qu’ils ne se mélangent avec la race arabe « supérieure », ceux-ci étaient quasi systématiquement châtrés. Les concubines noires capturées étaient systématiquement avortées, mais si par malheur une concubine noire donnait naissance à un enfant, ce dernier était aussitôt tué par les épouses et concubines arabes. Les sociétés arabo-islamiques voulaient bien avoir des travailleurs serviles d’importation, mais ils voulaient surtout conserver « la pureté de la race arabe ». Pour ce faire, la chose était simple : châtrer les esclaves mâles.
Cette main d’œuvre qu’il fallait renouveler tous les quinze ou vingt ans (la vie d’un esclave était courte car dès qu’il était inapte au travail il était tué), explique toute l’organisation que les Arabo-musulmans mirent en place pour aller puiser sans cesse en Afrique. Une fois de plus c’est cela qui incite l’anthropologue et économiste Tidiane N’Diaye à parler de génocide. Comment dénombrer les Africains razziés et devenus esclaves en treize siècles ? Ce n’est bien sûr pas possible, mais ce qui est évident c’est que les peuples africains n’eurent pas le temps de se régénérer à cause de la chasse permanente aux esclaves menée par les Arabes sur tout le continent. Razzias qui ne se déroulaient pas seulement dans les régions subsahariennes comme certains le laissent croire pour essayer de diminuer l’ampleur de l’ignominie. L’Afrique centrale a aussi été touchée par les négriers arabes à partir des côtes orientales du continent. Cette chasse était menée en complicité contrainte avec certains roitelets africains fraichement convertis à l’islam. Ils étaient effectivement, obligés de payer des impôts en nature, c’est à dire en têtes d’esclaves, aux Arabes qui les terrorisaient.
Une des grandes interrogations de Tidiane N’Diaye est de savoir pourquoi, encore aujourd’hui, les chercheurs africains ne travaillent pas plus assidument sur ce sujet historique important que fut le commerce des esclaves par les Arabo-musulmans ? « Il est donc difficile de ne pas qualifier ce commerce esclavagiste de génocide des peuples noirs. Peuples qui ont été victimes de massacres, de razzias meurtrières et de castration massive. Chose curieuse cependant, très nombreux sont ceux qui souhaiteraient le voir recouvert pour toujours du voile de l’oubli, souvent au nom d’une certaine solidarité religieuse ou idéologique. C’est de facto un pacte virtuel, scellé entre les descendants des victimes et ceux des bourreaux. C’est ce qui aboutit à ce négationnisme. Ce pacte, même s’il peut être virtuel, la conspiration, elle, est bien réelle. Dans cette sorte de «syndrome de Stockholm à l’africaine», tout ce beau monde s’arrange sur le dos de l’Occident. Tout se passe comme si les descendants des victimes étaient devenus les obligés, amis et solidaires des descendants des bourreaux, sur lesquels ils décident de ne rien dire». D’un autre côté il dénonce la mauvaise foi de certains chercheurs qui s’arrangent avec l’histoire pour pouvoir -probablement- s’assurer un présent et un avenir : « Les captifs transportés par voie navale de Zanzibar, de Lamu e d’autres ports est-africains, et à travers les déserts, n’étaient pas amenés en Occident, comme veulent le laisser croire certains auteurs. Ils étaient tous dirigés vers le monde arabo-musulman ». Un constat amer pour un chercheur qui se sent très isolé en Afrique. Il faut dire que l’objet de ses recherches est sensible. D’autant plus sensible que l’islam n’en a pas encore aujourd’hui fini avec l’esclavage : « D’autre part l’esclavage aboli en 1960 en République islamique de Mauritanie devait l’être à nouveau en 1980. (...) En 1994, l’Association américaine pour la lutte contre l’esclavage, et Amnesty International, rappelaient que ce pays comptait quatre-vingt-dix mille esclaves noirs appartenant toujours à certains propriétaires ». Nous sommes aussi en droit de nous poser la question de savoir combien en reste-t-il en 2013 ? Et en ajouter une autre : Que fait et que souhaite faire la communauté internationale pour faire respecter les conventions internationales de défense des droits de l’homme ? Et l’auteur de ponctuer : « Quelle longue et triste cascade de malheurs pour les peuples africains que cette conquête arabe de l’Afrique ...».
À l’heure où l’islam continue plus que jamais à vouloir convertir le monde entier, le coran dans une main et la Kalachnikov de l’autre ; à l’heure où les pays musulmans refusent, non pas encore de faire pénitence comme le firent les pays chrétiens pour leurs crimes, mas seulement de reconnaître le génocide perpétré en Afrique ; à cette heure le livre de Tidiane N’Diaye est précieux et indispensable à la compréhension de l’histoire humaine. Il faut espérer que les recherches se poursuivent et qu’un jour –s’il en est capable- l’islam demande pardon aux peuples africains pour tous les crimes contre l’humanité commis au nom de leur secte. Il n’y a pas de raison que les humains restent éternellement enfermés dans des dogmes d’un autre âge.
Sèrgi Viaule le 9 janvier 2013