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L'impérialisme turc en Orient n’a jamais cessé

11 Avril 2021 , Rédigé par Bernard Fruchier Publié dans #Internationalisme, #TRIBUNE LIBRE

L'impérialisme turc

par Bernard Fruchier

Nice est la seule ville de France qui a une rue de Lépante pour une raison simple : en 1571, le Pays Niçard n’était pas français mais dépendant du Duché de Savoie, se trouvait dans le Saint Empire. La France de François Ier était alliée avec la Sublime Porte, et les Niçards furent heureux de venger, en prenant part à cette victoire, le siège franco-turc de Nice en 1543 où se fit remarquer la lavandière Catherine Segurana. Si nous remontons plus loin dans le temps, nous apprenons que des Niçards partirent en Terre Sainte suivant Raymond de Saint Gilles, marquis de Provence, qui avait déjà participé en 1087 à la « Reconquista » en Hispanie et qui ensuite se constitua en "Palestine" le comté de Tripoli. La raison principale de la croisade fut l’invasion des Turcs Seldjoukides qui, en prenant la place des Arabes Fatimides, tuèrent la population de Jérusalem et interdirent aux pèlerins l’accès à la ville sainte.

Depuis cette époque, les Turcs n’ont pas cessé de coloniser le bassin méditerranéen mais aussi des pays slaves et ne furent freinés que par la victoire impériale sous les remparts de Vienne en 1683.

Nous arrivons à la guerre de 14-18, où la Turquie choisit le mauvais camp et se retrouva parmi les vaincus. Les différents traités essayèrent de respecter des considérations ethniques, par exemple la création de la Tchécoslovaquie aux traités de St Germain et de Trianon.

Le traité de Sèvres ne fit pas exception et le PNO ne pourrait que se réjouir s’il avait été appliqué :

- en Occident, la Grèce récupérait des terres qui lui appartenaient depuis des millénaires (et encore, la Turquie conservait Constantinople) ;

- au Levant, création d'une grande Arménie (c’était bien le minimum après le génocide !) et d'une province autonome kurde.

- les territoires arabes anciennement colonisés par les Turcs sont libérés, quelques uns placés sous administration française ou anglaise.

- le traité reprend la déclaration Balfour en organisant la création d'un foyer national pour le peuple "juif" (le PNO préfère l'adjectif "hébreu").

Mustapha Kemal ne reconnaît pas ce traité signé par le sultan Mehmed VI à qui il avait déjà opposé en avril 1920 une Grande Assemblée Nationale installée à Ankara. Les kémalistes gagnèrent en 1922 la guerre contre la Grèce commencée en 1919 (aidés par les Français qui lui vendent des armes depuis 1921) et ils demandèrent l’annulation du Traité de Sèvres qu’ils avaient refusé de signer.

C’est alors le honteux Traité de Lausanne qui officialise en 1923 la défaite grecque et la victoire kémaliste, donc le fait accompli.

Non seulement, les Kurdes et les Arméniens perdent leurs provinces, mais les échanges de populations entrainent la mort d’un demi million de Grecs.

Ce résumé historique sert juste à démontrer que :

- l'impérialisme turc en Orient n’a jamais cessé.

- Grecs, Kurdes et Arméniens en ont sans cesse été victimes.

- la France, depuis au moins le XVIe siècle, a toujours soutenu cet impérialisme.

- le Saint Empire a été en lutte contre l’invasion turque.

Nous pouvons donc être surpris de constater une situation opposée : les Allemands ferment les yeux et se bouchent les oreilles pour ignorer les problèmes, en même temps que la France semble seule à soutenir les Grecs. Enfin ! Il faut dire que son intervention en Libye (merci à BHL !) a ouvert la voie au nouveau sultan Erdogan qui cherche maintenant à reconstituer l’empire ottoman.

Bernard Fruchier

(Traduit de l’original en occitan par Jean-Pierre Hilaire)

Article dans Lo Lugarn N°136

Lo Lugarn N°136

Lo Lugarn N°136

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