Opinion : AZAWAD EN LÉGITIME DÉFENSE

Janvier 2022, l’information tombait sous forme de rumeur, puis confirmée sur le terrain. Des centaines de mercenaires russes de la société Wagner posaient leurs valises sur la terre des Askia. C’était manifestement dans l’espoir légitime que l’histoire se répétât. Pour rappel, en 1963, grâce au soutien des soviétiques, Modibo Keita avait réprimé dans le sang l’embryon de la résistance Touarègue du Nord Mali. Grâce à un rapport de force manifestement déséquilibré, le dictateur a « réglé » la question du nord avec une violence à l’allure génocidaire. Trois décennies plus tard, l’insurrection renaissait de ses cendres avec une revendication identitaire encore plus forte et plus affirmée.

Même si le Mali d’Assimi Goita a avalé sa fierté en confiant la sécurité nationale à des groupes privés de moralité exécrable, les premiers résultats ont été « satisfaisants » avec l’exécution sommaire tous azimut des civils et la destruction quasi systématiques de leur capital productif, le viol et le pillage.

Même si les soldats maliens sont relégués au second plan dans cette œuvre capitale, ils sont heureux de bénéficier d’une formation « commando » qui les affranchit de tout esprit de culpabilité, de toute morale et de toute crainte de l’opprobre. La formation et l’encadrement de la honte donnés par les fameux instructeurs de feu Prigogine vont crescendo du pillage aux assassinats les plus crapuleux en passant par les viols pour atteindre enfin l’impensable, le cannibalisme.

Un bien déroutant recul pour ce pays si imbu de sa grandeur supposée, de sa culture religieuse proclamée et de sa gloire tant ressassée et martelée à la face du monde.

Deux ans plus tard, nous apprenions à travers les réseaux sociaux le départ d’une mission d’envergure des mercenaires wagner et leurs accompagnateurs FAMa pour en découdre avec les forces armées de l’Azawad.

Pour redorer son blason et laver l’affront, la junte au pouvoir à Bamako se doit de ramener au peuple une victoire historique en reconquérant l’intégrité du territoire nationale.

Noble mission me direz-vous !!

Le fer de lance de cette expédition punitive n’est autre que le groupe Wagner, un ramassis de repris de justice connus pour leur cruauté et leur esprit criminel.

Un arsenal d’envergure, terrestre et aérien, mis entre les mains de machines de mort ne pouvait que réussir une mission spéciale, et même capitale.

Parmi les atouts à l’actif de la colonne de la mort, il faut noter la facilité qu’ont ces privés de la guerre à opérer sans état d’âme des génocides sur des populations civiles où qu’elles se trouvent et à ne point faire de prisonniers de guerre, ainsi que leur totale indifférence à l’égard des traités internationaux et de droit de l’homme. En somme un bourreau idéal malléable et utilisable à merci pour exécuter les sales besognes.

La communauté internationale, comme tétanisée, est restée dans l’expectative. Hormis des communiqués d’ordre général de la part des organisations de droit de l’homme et dénonçant de manière sporadique les graves atteintes aux droits humains perpétrées par la mission, c’est le silence radio.

L’expédition a avancé en terrain conquis où elle a pratiqué la technique de la terre brûlée.

Deux semaines plus tard, la mission de wagner est rentrée triomphalement dans Kidal, la cité symbole de la résistance de l’Azawad et de toute la Toumast.

Les hommes du CSP-DPA ont préféré éviter l’affrontement pour, selon eux, limiter les dégâts collatéraux sur les populations civiles.

Sept mois plus tard, les wagner et leurs guides, forts de leur position de Kidal ont entamé de poursuivre le CSP dans son désert, et ce jusqu’à son dernier retranchement.

Le résultat des trois jours de combats à Tchinzawaten vécus comme une légitime défense est connu de tous, images à l’appui.

Je dois au passage saluer l’esprit de hauteur qui a caractérisé la classe politique du CSP-DPA qui dans un communiqué, a rassuré l’opinion mondiale de son engagement à respecter le droit de l’homme et la convention de Genève et à réserver un traitement humain aux prisonniers de guerre.

Cette expérience jusque-là considérée comme peu probable au regard du mystère qui entoure les bourreaux wagner vient démystifier l’invulnérabilité de ces hommes sans foi ni loi, sans cœur ni sensibilité.

Le Mali, une entité artificielle résultant de la colonisation a montré ses limites en tant qu’État souverain, garant du bien-être d’un peuple uni et prospère.

La communauté internationale doit désormais inscrire dans son agenda le processus irréversible de la naissance d’un Azawad État nation.

Paris le 29 Juillet 2024

Issouf Ag MAHA

Issouf Ag MAHA AZAWAD

AZAWAD EN LÉGITIME DÉFENSE par Issouf Ag MAHA