Comité d’Organisation pour une Conférence Internationale sur la Question Touarègue.
Madame, Messieurs les Présidents (Areva, France, Chine, USA, Niger, Mali, etc.)
Messieurs les Directeurs (ONU, FMI, etc.)
Madame, Monsieur les Ministres des Affaires Etrangères
Madame la Secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme
Messieurs les candidats « rebelles » (1)
De la répartition des territoires à la redistribution des ressources ; ou comment les pays pauvres n’ont pas fini de maintenir le train de vie des pays riches et de contribuer en plus aujourd’hui au choix de vie de ceux émergents au détriment des peuples autochtones et de leurs habitats, de leurs cultures et de leurs activités?
Eclairés par ce que nous savons du monde, de ses contradictions et de ses fragilités, le Comité d’Organisation pour une Conférence Internationale sur la Question Touarègue (COpCIsQT) vous interpelle, en ce début d’année 2008, sur la situation géopolitique que connaît la zone subsaharienne.
Le Sahara n’est pas désert.
Les habitants nomades du Sahara Occidental ont contesté aux Espagnols et revendiquent depuis la fin de la 2ème guerre mondiale un territoire finalement partagé en 1975 entre la Mauritanie et le Maroc. En 1991, un cessez le feu est signé entre le front Pour la Libération de Saguia El Hamra et du Rio de Oro (front Polisario) et le Maroc. Les deux parties acceptent le principe de négociations sous le patronage des Nations Unies, après un désaccord sur les conditions de mise en œuvre d’un référendum d’autodétermination.
Le Maroc revendiquait une partie du Sahara qui serait historiquement contrôlé par les Almoravides, dynastie berbère fondatrice du premier royaume du Maroc, et s’intéresse bien sûr aux matières premières du sous-sol sahraoui (cuivre, phosphate et fer).
De l’enjeu pétrolier du Darfour.
On aurait pu espérer que le pétrole découvert en 1973 au Tchad profite à l’un des pays les plus pauvres au monde ; on découvre aujourd’hui que ce pays vit une crise durable obligeant son dirigeant à rompre ses engagements avec la Banque Mondiale (2) pour pouvoir financer une rébellion soudanaise au Darfour face au régime de Khartoum. Selon l’ONU, le conflit complexe du Darfour a fait au moins 200 000 victimes et déplacé 10 fois plus de population. L’ampleur que prend le conflit, ces répercussions sur les habitants et au Tchad obligent également à la mise en place d’une force hybride.
Le pétrole du Tchad est acheminé de Doba à Kriby, port du Cameroun, où il est récupéré par des sociétés américaine et malaise (3). La Chine veut aussi sa part de l’or noir tchadien et ambitionne avec le soutien du Soudan de construire un oléoduc depuis Doba vers Port Soudan et passant par le Darfour... d’où une des facettes du conflit qui a pour théâtre une zone à forts enjeux économiques et ethno territoriales dont les populations autochtones en sont les premières victimes.
De l’enjeu de l’exploitation uranifère dans l’Azawagh et l’Aïr.
On aurait pu également croire et espérer il y a environ 40 ans, au début de l’exploitation de l’uranium au nord Niger, que le minerai contribuerait à « améliorer l’ordinaire » des Nigériens. Or, le Niger est pour longtemps encore la lanterne rouge des nations... Et nous savons qu’Areva ne souhaite pas reproduire le même schéma d’urbanisation minier d’Arlit à Imouraren. Quant à la Chine, il reste encore à démontrer que le nord du Niger bénéficiera des retombées de la manne uranique, de l’emploi et de la sous-traitance ; en effet, certains pays africains ne sont pas politiquement et économiquement armés contre l’efficacité et les effets secondaires du « real économisme » de l’Empire du Milieu.
A supposer qu’a priori le yellow cake nécessaire au nucléaire civil et militaire puisse être bénéfique à l’Homme, la réponse de l’environnement aux conséquences de cette activité d’extraction et d’enrichissement et « le coût humain » restent encore à mesurer et à apprécier dans les pays pauvres.
Nos précédentes contributions ont déjà exposé notre position réservée sur le modèle de la base industrielle et attiré l’attention sur les conséquences de cette politique de développement sur les habitants, leurs habitats et leurs activités.
De l’avenir.
Conscient que le Niger et le Mali doivent avant tout se développer avant d’envisager un développement durable, le comité pense que ces pays pourraient prendre le train de la mondialisation en ayant le courage politique de poser les bases d’une nouvelle gouvernance, démarche qui permettra d’unifier Nigériens et Maliens, le cas échéant celles et ceux du nord, sur un projet qu’ils bâtiront ensemble. Un petit pas de politique mais un grand pas pour la paix et la démocratie.
Un autre monde est possible ; et en cette nouvelle année nous nous joignons aux vœux d’espérance du Président Sarkozy dans lesquels nous retenons qu’ « il n’y a pas de fatalité au malheur ».
Enfin, « le désert est le pays du manque et ce manque, cette pauvreté constituent une inestimable richesse,... Le désert est un monde qui se passe de l’homme et qui dépasse l’homme » (4).
A la différence des Occidentaux, les nomades ne cherchent pas à se rendre maîtres et possesseurs de la nature ; ils ne vivent pas dans un « univers rétréci par les conventions sociales », ne connaissent pas « l’obsession de la propriété, la faim des jouissances, le refus de la souffrance et de la mort » (4) (5).
Le comité accorde une importance particulière à la préservation de ce système de valeurs, richesses de peuple qui apportent un autre éclairage du monde.
A Bordeaux, le 07/01/2008
Le coordinateur du comité d’organisation pCIsQT
Thomas FORTUNE
contact
(1) terme utilisé par Hélène Claudot Hawad dans sa préface à « Tourne-tête, le pays déchiqueté » de Hawad et Hélène Claudot Hawad
(2) engagement sur une redistribution de la rente pétrolière du Tchad : 80% au budget de l’Etat, 10 % en placement à l’étranger, 5% au développement local, 5% au gouvernement tchadien. source LEPAC
(3) Exxon Mobile (40%), Chevron (25%), Petronas (35%). source LEPAC
(4) Bruno Doucey. Le livre des déserts
(5) JMG Le Clézio. L’Inconnu sur la terre
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