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occitan-touareg

Niger: Multinationales et société civile, le cas d'Areva et de l'aluminium du Niger

21 Février 2007 , Rédigé par papadoc Publié dans #occitan-touareg


                 ARLIT, sortie SUD, direction IN ABANGARIT


Niger: Multinationales et société civile, le cas d'Areva et de l'aluminium du Niger

 

Py

La lutte contre la pauvreté est devenue un refrain chanté quasiment au quotidien : si les remèdes prescrits par les Institutions de Bretton Wood semblent inopérantes, du moins pour le moment, en revanche les causes apparaissent du domaine de l'inéquitable répartition des ressources ou des fruits de la croissance économique ; nombre d'observateurs économiques et politiques estiment la mal gouvernance et le pillage des ressources africaines par les multinationales comme les causes premières.

La Société civile, longtemps demeurée hors de ces joutes académiques et parlementaires, a, cette fois-ci, haussé le ton du côté du Niger au sujet des retombées sociales de l'exploitation de l'Uranium d'Arlit par la française AREVA.


La récurrence des prises d'otages sur les plates-formes pétrolières au Nigeria par « des groupuscules armées», est suffisamment révélatrice d'une situation devenue intenable pour de nombreuses populations africaines dont les terroirs regorgent de richesses naturelles; seulement l'exploitation de ces ressources, généralement minières, font l'objet de contrat faramineux entre gouvernants du jour et multinationales détentrices de la technologie. Déjà à l'étape des études préliminaires et de faisabilité des projets, les experts concluent que l'installation de la mine va créer des emplois, que des investissements sociaux seront réalisés au profit des populations, et que c'est l'ensemble de la Région qui se développera, tout en améliorant la balance commerciale du pays ; et tout naturellement, dans cette euphorie des promesses, les autorités locales aident « à couper le ruban symbolique » et à lancer officiellement les activités..... jusqu'au jour où, souvent après des décennies d'exploitation, on ne voit rien venir.

Ce qui se passe actuellement au Niger avec Areva confirme d'une part la réalité de la Françafrique, et d'autre part, que la Société civile peut jouer un rôle prépondérant dans la gouvernance. Selon Panapress, « Le collectif des organisations de défense du droit à l'énergie au Niger (CODEN) a refusé une proposition de venir en France discuter avec le groupe Français Areva qui exploite l'uranium Nigérien, a t-on appris Mardi 30 janvier à Paris, de source proche de cette ONG ». En effet, M. Moustapha Khadi, un des responsables du CODEN, a précisé, toujours selon la même source, que « des richesses sortent du sous-sol d'Arlit mais ses habitants s'appauvrissent. On y compte une seule voie bitumée, des écoles sans locaux et l'aérogare réduit à une petite piste d'atterrissage. Nous pensons qu'Areva peut faire mieux pour changer le visage de la région et nous luttons pour ce faire ».

C'est seulement en septembre 2006, que le groupe français spécialisé dans le nucléaire, s'est en effet engagé à financer à hauteur de 11 milliards de F CFA, « des programmes de formation d'ingénieurs nigériens et de lutte contre le SIDA et promouvoir le développement de l'agriculture irriguée dans la vallée de l'Irhazer » dans le nord du Niger. Alertée et sollicitée en 2005 par des nigériens originaires d'Arlit, suite à des problèmes de santé évoqués par certains membres de la population, dont des employés en activité ou retraités, l'association SHERPA (une association de Juristes), a effectué au Niger entre décembre 2003 et février 2005 trois missions d'enquête, sur le site de la mine d'uranium d'Arlit exploitée par la Somaïr et la Cominak, filiales de la COGEMA-AREVA. Les premières constatations factuelles avaient état de l'existence « de raisons sérieuses d'exprimer diverses interrogations sur l'origine des problèmes de santé rencontrés par les populations locales ». Les analyses effectuées par le laboratoire de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité) avaient permis de conclure :

• une dissémination de ferrailles radioactives dans les rues d'Arlit, d'autant plus préoccupante que tout est recyclé (y compris comme ustensile de cuisine)

• Un stockage à l'air libre de déchets radifères très radiotoxiques,

• Une insuffisance des moyens de contrôle radiologique des services de l'Etat nigérien.

Pour mémoire, 10 pays sont responsables de 94 % de l'extraction mondiale d'uranium. Les principaux gisements d'uranium se trouvent dans les pays suivants : Australie, Afrique du Sud, Niger (mines d'Arlit), Gabon, Namibie, Congo (par exemple la mine de Shinkolobwe), Russie, Ouzbekistan, Kazakhstan, Canada et États-Unis. La production mondiale d'uranium atteignit 45103 tonnes en 2001, dont 34% provient du Canada, le pays le plus important en matière de production d'uranium. Les réserves mondiales prouvées d'uranium, atteignent un total mondial de 2516 milliers de tonnes. Les plus importantes ressources se trouvent en Australie (26%), au Kazakhstan (17%), au Canada (12%), en Afrique du Sud (9%), au Brésil (6,4%), en Namibie (5,7%), en Russie (5,5%), aux États-Unis (4,1%), en Ouzbékistan (3,6%), en Mongolie (2,4%), en Ukraine (1,7%), au Niger (1,2%) et en Algérie (1%).

Une mine d'uranium en exploitation produit de nombreux déchets : des rejets atmosphériques, des rejets liquides, des déchets solides, des minerais pauvres, etc. Ces déchets exposent l'environnement à la radioactivité de l'uranium, qui peut entraîner une contamination radioactive des humains, de la faune et de la flore. De plus, certains déchets ont non seulement un danger lié à la radioactivité mais aussi un risque lié à la toxicité des produits chimiques conventionnels tels que l'acide sulfurique et les métaux lourds, utilisés pour le traitement du minerai d'uranium.

Avec la découverte, dans les années 1970, d'un important gisement d'uranium à Arlit, exploité à partir de 1974, qui plaça le Niger au troisième rang des réserves mondiales, Hamani Diori manifesta sa volonté de s'émanciper de la tutelle française. Il prétendait notamment aligner le cours de l'uranium sur celui du pétrole qui venait de faire un bond. Le 15 avril 1974 Hamani Diori est opportunément chassé du pouvoir par le général Seyni Kountché, mort le 10 novembre 1987 dans un hôpital de Paris d'une tumeur du cerveau.

Cependant, en ce qui concerne l'impact de ces activités sur la population nigérienne, le site Internet de la Cogéma précise : « La présence de SOMAR [et de] COMINAK apporte non seulement des emplois, mais aussi un support sanitaire et social aux populations locales dans une région isolée et économiquement défavorisée. ». La démarche du Collectif des Organisations de Défense du droit à l'Energie au Niger (CODEN) de refuser une proposition de venir en France discuter avec AREVA infirme ces allégations ; M. Khadi a qualifié « d'insuffisants les décaissements promis par le groupe français », et estimé selon Panapress, « que la Société civile nigérienne a crée aujourd'hui un rapport de forces qui lui permet de ne pas se plier aux exigences de la multinationale ».

Aucune réaction officielle des autorités de Niamey pour l'instant, ni de notre compatriote Zéphirin DIABRE, conseiller de la Présidente du Directoire Anne Lauvergeon, nommé Chairman Afrique et Moyen Orient au sein de la Direction International et Marketing d'AREVA en 2005, et chargé de « mettre en oeuvre et de suivre la stratégie d'expansion du groupe dans cette région, en liaison étroite avec les différentes sociétés du groupe qui y sont actives ».


L'Uranium, ressource stratégique dans un monde de remise en cause des options énergétiques, sera t-il la cerise sur le gâteau de la mal gouvernance et de la complicité inavouée de nos dirigeants dans notre misère, de surcroît dans l'un des pays les plus pauvres de la Planète ? En tout cas tout laisse croire dans cette nouvelle « affaire », que les « valets locaux de l'impérialisme » économique et politique sont encore parmi nous ; pire, ils ont de beaux jours devant eux face à la question des OGM, du coton, de l'or, du café, du cacao, du diamant, du bauxite, du pétrole et .... de la Démocratie. Car c'est par l'onction populaire d'élections bidouillées qu'ils tirent leur légitimité pour mieux asservir leurs frères.

La Société civile nigérienne, comme pour ne pas laisser les Guinéens leur ravir la vedette, est une fois de plus, après le mouvement contre « la vie chère », en train de donner une belle leçon de courage et de dignité aux Africains. Le lièvre aurait été levé par l'Opposition qu'on a vite fait de crier à la désintoxication. La démarche du CODEN, somme toute noble, résume ce droit primordial des populations locales d'avoir un regard sur la gestion des retombées de leurs richesses. Et c'est tout un devoir moral pour les Syndicats et les partis d'Opposition d'accompagner ce genre d'initiatives. Occasion aussi rêvée pour les Burkinabé de penser à Essakane, Mané, Perkoa, Poura, et Taparko.

La SOMAÏR (société des mines de l'Aïr) et la COMINAK, (compagnie minière d'Akouta) exploitent - depuis respectivement 1971 et 1978 - des gisements d'uranium situés dans le nord du NIGER, en bordure du Sahara (1) . Outre les mines, chacune de ces sociétés exploite une usine d'extraction physico-chimique de l'uranium. La production s'élève à 3 000 tonnes de concentré d'uranium par an, un apport essentiel pour l'approvisionnement des centrales nucléaires françaises.



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C
C'est sûr que c'est plus facile de renvoyer manu militari ces gens chez eux que de regarder en face notre dégueulasserie ...
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D
ton site est simpa .tout cela nous est caché par nos politiques eu mangent avec des couverts en argents .continu
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M
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M
merci pour ta mise dans tes liens.....
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B
Aie! Il y a encore du boulot pour que les pays du nord ne pillent et ne souillent l'Afrique. Adessiatz  Papadoc.
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