Occitans-Roms-Gitans-Juifs-Musulmans, la chasse est toujours ouverte

Sous le titre "à l'aube du Comtat Venaissin",  Daufinat-Provènça, Tèrra d'Òc, et sa section de l’Institut d’Études Occitanes organisaient avec le Comité des Fêtes de Bouchet ce samedi 2 octobre une grande manifestation à l’Abbaye Cistercienne.

Au programme :

-l’art de défendre un château ou un abbaye et expressions héritées de ce temps par Mireille Roubé professeur d’occitan et présidente d’honneur de l’IEO Drôme

-initiation à la paléographie par Vally Laget animatrice des cours de provençal et de paléographie à l’Université du Temps Libre de Nyons

-musique du Moyen Âge de Jacques Amalric musicien et animateur de Culture et Musique de la Garde Adhémar

-Bouchet du Moyen Âge à nos jours par Max Feschet Maire de Bouchet

-visite de l’abbaye par Josette Bertrand Présidente de l’Association Culturelle de Bouchet

-la Croisade contre les Albigeois par Claude Alranq, directeur artistique du théâtre interrégional occitan de la Rampe et auteur dramaturge de théâtre d’oc

-Catharsis Sound Maquina de la même troupe en soirée (La Rampe TIO).

L’abbaye cistercienne de Bouchet en Drôme a encore fière allure malgré ses nombreux remaniements. Cette abbaye de femmes dont les Prieures Willelma et Rixande sont mentionnées dès 1184, a encore son dormidou, ses occulus, son déambulatoire.

Le Père Bertrand de Garrigues, compagnon de Saint Dominique, y séjournait pour parfaire l'éducation des moniales…

Envahie en 1375 par une bande de pillards puis incorporée à Aiguebelle en 1413, l’abbaye encore nommée le collège devint un atelier de tissage de soie avant de péricliter avec la crise du textile.

En 1972, le Cellier des Dauphins en fait l'acquisition pour y aménager une Cave de Vieillissement. Depuis la crise viticole de 2005, elle fait à nouveau partie du patrimoine communal.

L’église paroissiale contiguë à « l’ancien collège » possède une abside et des absidioles qui forment un pur joyau d’architecture cistercienne. Je vous conseille de visiter le tout.

Claude Alranq, moitié en occitan, moitié en français, a longuement et savamment développé le thème de la croisade contre les albigeois, retraçant notre histoire puisque le Marquisat de Provence, terre d’Empire, reconnaissait pour suzerain le Comte de Toulouse.

Depuis l’alliance du roi de France et du Pape Innocent III, officiellement destinée à éradiquer le catharisme, officieusement conquête territoriale en 1209, en passant par le siège de Beaucaire et le traité de Paris en 1229 qui mettra Raymond VII de Toulouse sur la paille et l’obligera à marier son unique héritière (après l’avoir stérilisée) au frère du roi de France, Claude Alranq en viendra au Marquisat de Provence domaine du saint-siège qui prend le nom de Comtat Venaissin et sera rattaché à la France seulement en 1792.

Entre la vérité de l’historien, la tradition populaire incarnée par Miladieu et Mia, et la fable de Paraclet le grillon, la pièce de théâtre Catharsis Sound Maquina du théâtre de la Rampe constituait le point culminant de la journée.

Une occasion pour le public de se réapproprier son passé à travers la poésie des troubadours, la fête de Carmentran et de redécouvrir le destin tragique de l’Occitanie.

A cette époque beaucoup d’hommes et de femmes ont perdu leur vie, ont été déshérités de leur biens pour leur indépendance et leur appartenance à des valeurs qui n’étaient pas reconnues par le roi de France, ni par l’église ni par le pape.

Attention que l’histoire ne se reproduise pas.

La chasse aux Roms, aux Gitans, aux Juifs, aux Musulmans en fait la chasse à la différence nous  y fait penser.

Nicole Faucon-Pellet