Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
occitan-touareg

Touareg / Niger / Aqmi / Prospecter au-delà des clichés

26 Janvier 2011 , Rédigé par Papadoc Publié dans #TRIBUNE LIBRE

Complicités d’Aqmi au Mali et au Niger : Prospecter au-delà des clichés touaregs.

mariage agadez photo Pellet JMLa situation de terrorisme que vivent actuellement les pays sahéliens : Mauritanie, Niger et Mali est entrain de prendre des tournures dramatiques avec la mort de deux jeunes français enlevés à l’intérieur de Niamey. Cet épisode arrive alors que l’enlèvement en Septembre dernier de cinq français, d’un togolais et d’un malgache, travaillant pour le groupe nucléaire Areva n’a toujours pas trouvé de dénouement heureux.

À l’époque, on avait directement indexé les touaregs comme ayant été des possibles facilitateurs, on ne sait d’ailleurs en se basant sur quoi ? Car il faut bien le dire les points de vue de certains analystes et spécialistes du terrorisme ne sont pas toujours objectifs et ne relèvent le plus souvent que de simples idées reçues.

Ce sont des préjugés véhiculés et entretenus par les uns et les autres sur les touaregs, des préjugés qui nuisent dangereusement à l’image de cette société. Pour preuve, les touaregs ne sont pas les seules populations sahariennes, Sahara qu’ils partagent, on le sait bien avec des Toubous, des Arabes et d’autres communautés. Ils ne sont pas aussi faut-il le rappeler les seuls dont la situation économique est la plus dramatique dans ces vastes sahel et Sahara, pour qu’ils soient les seuls prêts à n’importe quelle sale besogne, y compris celle d’enlever et de « vendre » à Aqmi des occidentaux, comme le fait penser une certaine opinion.

Un spécialiste français du terrorisme s’exprimant sur une chaine de télévision internationale parlant de ce dernier enlèvement disait qu’avec un million, ces populations pauvres peuvent facilement livrer à ces ravisseurs des otages, c’est son point de vue mais il faut aussi savoir qu’avec des frontières poreuses, une administration corrompue aussi ces derniers peuvent eux-mêmes aller où ils veulent et prendre qui ils veulent.

On ne fait jamais allusion aussi quand il s’agit de ces enlèvements de la communauté arabe fortement installée dans ces régions et qui, plus que les touaregs, partage beaucoup de point de similitude avec les ravisseurs.

Ce sont des arabes et si  ils doivent avoir dans ces régions des complicités ils les auraient beaucoup plus facilement avec des arabes qu’avec n’importe quelle autre communauté.

Seulement, ce qui se passe c’est que ces derniers constituent un fort lobby économique et politique dans ces pays qui font que personne ne peut orienter ses soupçons vers eux. Ils sont fortement impliqués dans l’appareil politique à travers les partis politiques dont ils deviennent pour le cas du Niger les principaux bailleurs des fonds, donc ils deviennent des intouchables et sont à cause de leurs activités économiques, pas toujours propres, d’habiles corrupteurs.

Voilà en réalité ce qui voile la face à certains au point de ne voir chaque fois que les touaregs comme des possibles sous traitants de ce macabre trafic.

Or nous n’avons qu’à explorer la partie sahélo-saharienne, dans laquelle se meut cet Aqmi là, pour savoir que ceux qui y habitent et s’y déplacent à l’occasion de divers trafics, allant de celui de la contrebande de cigarettes, d’essence à celui de la drogue pour se convaincre qu’elle est plus arabe que touarègue.

Les mouvements d’Aqmi se passent dans un triangle allant de Niamey, à l’ouest de Tahoua, et nord Mali.

Entre les touaregs et les arabes quels sont ceux qui mènent plus d’activités là ?

Et ce qui est aussi inquiétant de plus en plus pour cette région, c’est que ces derniers sont entrain de s’imposer politiquement, grâce à leurs moyens économiques ce qui leur permet de mener dans la tranquillité leurs activités y compris les plus illégales.

C’est dire aussi, nous pensons que les uns et les autres de ces analystes doivent encore plus étendre leur vision au delà de la seule communauté touarègue sur laquelle pour l’instant se braquent tous leurs regards accusateurs, à cause des préjugés créés depuis l’époque coloniale. Tant que tout est braqué sur une seule communauté, tant que la corruption sera de mise à tous les échelons de l’administration et tant que les otages sont monnayés par l’argent ce problème perdurera. Pourquoi ?

-Si l’on n’oriente le regard que sur les touaregs, on fait fausse route parce que ceux qui peuvent être réellement concernés peuvent agir pendant longtemps en toute liberté. Nous, le disons et le réitérons les touaregs ne détiennent même pas un cinquième des activités, souvent illicites dans ces régions contrairement à ce que dit et pense la majorité de l’opinion.

-La corruption est trop de mise dans cet espace ; elle concerne tous les appareils de l’État : politique, militaire, administratif……Ce qui peut expliquer la facilité des mouvements de ces gens.

Comment ces ravisseurs sont-ils entrés à Niamey, y rester jusqu’à 22h30 pour agir sans que personne ne s’en rende compte, et agir à Niamey avec un véhicule immatriculé au Bénin ?

Comment ont-ils acquis ce véhicule et auprès de qui ?

Ce sont là des questions pour lesquelles des réponses doivent être trouvées.

Nous l’avons dit quelque part la rançon ne résoudra jamais le problème de ce terrorisme parce qu’elle aiguise les appétits et parce que ça ne nourrit pas seulement Aqmi mais tous les intermédiaires qui gravitent autour de lui. Et ceux-ci sont connus à ce qu’on sache, car pour offrir ses offices dans une négociation, il faut connaître l’une et l’autre des parties ou au moins une.

On connaît tous ceux qui sont intervenus pour les dénouements des précédentes prises d’otages dans la région, on sait aussi qu’ils ont plus ou moins quelque chose à y gagner. Et tant qu’ils y gagnent quelque chose, ils voudront bien continuer que ça se passe.

La France subit une situation dans la région sahélo-saharienne qu’elle aurait peut-être pu éviter ou contrôler au moment où se sont déclenchées les rebellions touarègues malienne et nigérienne récentes de 2007 à 2009.

On remarque que c’est au cours de ces trois dernières années, qu’elle a commencé à subir ces enlèvements. Au lieu de s’impliquer dans la résolution de ces crises, elle était restée muette, préférant sauvegarder ses relations avec les États, oubliant que c’est aussi dans son intérêt que ce Sahara ne devienne le lit des terroristes et de divers trafics.

Pour le cas du Niger au lieu de pousser Tandja à négocier la paix, la France n’a vu que l’uranium et Immouraren, oubliant que la sécurité de ces régions est plus sûre en ramenant les touaregs dans les corps qui doivent surveiller ces régions. La France avait laissé Kadhafi régler à sa manière, manière qu’on lui connaît, les dollars, le problème, alors qu’elle sait bien qu’elle est plus indiquée à le faire que lui.

Pour preuve, ce qui se passe aujourd’hui dans cet espace la concerne plus que ça ne concerne la Libye. Que reste-t-il aujourd’hui à la France comme alliés dans ce conflit qui se passe dans une région aussi vaste et aussi hostile sur tous les plans : climatique, politique, humain…

Les populations de ces régions sont laissées à elles mêmes et se considèrent victimes et de leurs États et de la France qu’elles considèrent comme complice de toutes les misères qu’elles ont subies.

Jamais la France n’ est intervenue pour arrêter les tueries d’innocents et de leurs bétails par l’armée nigérienne entre 2OO7 et 2009.

Et pourtant, des centaines de personnes innocentes ont perdu la vie, des centaines d’autres ont été emprisonnées, d’autres torturées, sans qu’aucune voix officielle française ne bronche.

Pourtant ailleurs elle parle, elle dénonce : Darfour, Tchad, Côte d’ivoire… Aujourd’hui, il ne lui reste plus que des armées qu’elle sait incapables de régler à elles seules le problème, car les moyens matériels seuls ne suffisent pas, sinon elle aurait elle-même pu arriver à bout de ces terroristes.

Des incompréhensions survenues aussi suite aux deux présumés terroristes ou de probables complices remis par elle aux autorités policières nigériennes pour enquête, n’est pas de nature à faciliter les choses.

Les autorités nigériennes parlent de gendarmes nigériens et qu’elles auraient sûrement laissé libres tout en ne faisant nulle part allusion de gendarmes nigériens enlevés par Aqmi.

À ce niveau, nous sommes persuadés que s’il s’agissait de gendarmes nigériens touaregs, elles ne les laisseraient pas libres.

La France elle confirme bien que ces deux personnes remises au Niger sont soit des terroristes soit leurs complices. Sinon qu’est-ce qui explique leur présence sur les lieux aux côtés des ravisseurs, alors qu’aucune voix officielle n’ parlé de leur cas.

Voilà donc des contradictions qui nous permettent de dire que les complicités d’Aqmi doivent être recherchées loin des seules accusations actuelles qui ne visent que les touaregs.

Quoiqu’on dise, il nous semble important, pour conclure, que la force acquise par les arabes du Niger dans le domaine économique est incontestablement entrain d’être mise à profit pour qu’ils étendent cette fois leur hégémonie sur le plan politique. Elle leur permet ainsi de corrompre très facilement les classes dirigeantes et de blanchir des capitaux acquis généralement à travers des activités illicites comme le trafic de drogue dont on sait qu’ils sont des acteurs actifs dans ce vaste Sahara. Ceci est attesté par les sommes considérables qu’ils investissent dans l’achat des consciences à l’occasion des élections et leur engouement pour la politique, des choses qui n’étaient pas dans leur champ d’action, il y a quelques années se limitant au commerce.

Chaoula Eggour

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
<br /> <br /> Intéressante analyse que j'aimerais publier dans le prochain Lugarn<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre