Au Niger comme au Gabon, le bilan humain et environnemental des mines d'uranium exploitées par Areva est très sévère.
Areva accusé de mettre en danger salariés et riverains, au Niger et au Gabon |
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Au Niger comme au Gabon, le bilan humain et environnemental des mines d'uranium exploitées par Areva est très sévère, selon les conclusions de la mission effectuée sur place par Sherpa, Médecins du Monde et la CRII-RAD. " Dans les deux cas, Areva cultive la même opacité ", souligne d'emblée Jean-Pierre Getti, président de Cour d'assises à Paris et vice-président de Sherpa. Le manque d'information a conduit les trois associations à se rendre dans les deux pays, où elles ont pu évaluer la situation. Tout d'abord, les tests effectués par la CRIIRAD sur la radioactivité au Niger et au Gabon révèlent des taux d'exposition des employés 40 fois supérieurs aux normes fixées par l'OMS. Par ailleurs, l'enquête révèle que la protection des travailleurs n'était pas correctement assurée. " Ils étaient exposés à des poussières radiotoxiques sans port de masque ni équipement de sécurité ", explique Jean-Pierre Getti. Aucune information ni formation n'était délivrée". "Ils n'étaient même pas informés des risques qu'ils encourraient ", confirme Almoustapha Alhacen, président de l'association AGHIR N' MAN (association nigérienne de protection de l'environnement). Autre point noir de cette enquête, l'absence de surveillance médicale des employés de la mine, et des sous-traitants, qui n'ont jamais pu bénéficier des traitements adaptés. " Areva a certes ouvert un hôpital, mais ses services étaient un trompe l'œil. Ils n'avaient ni les compétences ni les moyens pour traiter les pathologies dues à l'exposition à l'uranium ", observe Michel Brugière, directeur général de Médecins du Monde. Conséquence : la reconnaissance comme maladie professionnelle de nombreux cancers n'a jamais été effectuée. Et il y a pire. Selon le témoignage apporté par Jacqueline Gaudet, présidente de Mounana (association des anciens travailleurs expatriés du site de Mounana au Gabon), les expatriés venus travailler pour Areva dépendent de la caisse de sécurité sociale gabonaise et n'ont aucun droit en France s'agissant des maladies professionnelles. " J'ai perdu plusieurs membres de ma famille qui ont développé des cancers pulmonaires. Ils n'ont jamais été reconnus et Areva reste muette malgré mes requêtes " explique Jacqueline Gaudet. Il est facile pour Areva de dire qu'il n'y a pas de maladies professionnelles puisqu'on ne parvient pas à les faire reconnaître. Mais c'est Areva qui nous a envoyé au Gabon et c'est à la France de reconnaître ces maladies, non à l'état gabonais ". Enfin, depuis que la mine a fermé, l'hôpital construit par Areva fait désormais payer les frais médicaux de ses anciens employés contaminés, alors que ce type de maladies ne se déclare souvent que plusieurs années après la contamination. Les ONG reprochent également à Areva de rester muette sur la contamination de l'eau au Niger, qui continue aujourd'hui à être distribuée à la population, malgré les résultats alarmants des tests de la CRIIRAD. De même, Almoustapha Alhacen rapporte qu'au Niger, " Areva n'a toujours pas pris les mesures de sécurité et de protection nécessaires dans la mine d'Arlitt ". De son côté, Areva fait valoir que ses sites bénéficient de la certification environnementale ISO 14 001. Mais pour la CRIIRAD, les certifications ISO 14 001 " cachent une réalité qui est loin de correspondre à des pratiques réellement respectueuses de l'environnement et de la santé des salariés et des populations. " Dépôt d'une plainte? Véronique Smée
Mis en ligne le : 05/04/2007 |