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Nord Niger, Amnesty International appelle, les autorités nigériennes à respecter les normes relatives aux droits humains.

20 Décembre 2007 , Rédigé par Papadoc Publié dans #Paix au NIGER

19 décembre 2007

 

Niger: Exécutions extrajudiciaires et déplacements de populations dans le nord du pays

 

Amnesty International s’alarme du nombre croissant d’exécutions extrajudiciaires de civils par l’armée dans la région d’Agadez et demande aux autorités nigériennes d’y mettre un terme immédiatement.

 

Au cours des quatre dernières semaines, au moins treize civils ont été abattus de manière extrajudiciaire par les forces de sécurité nigériennes dans le nord du pays. Certaines, voire toutes ces personnes, semblent avoir été tuées par l’armée en représailles aux attaques lancées par le mouvement d’opposition armé touareg, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) qui a pris les armes contre le gouvernement en février 2007.

 

Amnesty International a obtenu des informations concordantes qui indiquent la responsabilité directe des forces armées dans ces exécutions extrajudiciaires. C’est ainsi que le 22 novembre 2007, quatre personnes, Bachir Mouhamad et Mariko Kané, tous deux jardiniers, et Oukhoudane Algha et Hamad Ibrahim, tous deux éleveurs, ont été arrêtées par la gendarmerie à Tchintébizguint (à 30 km à l’ouest d’Agadez) à la suite de l’explosion d’une mine. Alors que les gendarmes voulaient interroger ces suspects, des éléments des forces armées se sont emparés de ces quatre personnes dont les corps ont été retrouvés cinq jours plus tard dans une fosse commune. Selon les témoins qui ont vu les cadavres de ces quatre personnes, les corps portaient des traces de balles au cœur, au front et à l’oreille.

 

Le 9 décembre 2007, sept autres personnes, y compris deux commerçants arabes, Ibrahim Sidi Amar et Osmane Sidi Rali, ainsi qu’un cuisinier, un mécanicien et deux chauffeurs d’ethnies touareg et haoussa qui rentraient à Agadez en véhicule ont été arrêtées sur la route par les forces de sécurité nigériennes.

 

Un proche de l’un des défunts a indiqué à Amnesty International : « Nous attendions nos parents à Agadez lorsque nous avons vu arriver leurs véhicules conduits par des militaires. Nous leur avons demandé où étaient nos parents. Ils ont refusé de répondre puis comme nous insistions, les militaires ont accepté de nous conduire à l’endroit où ces sept personnes ont été enterrées. »

 

Des personnes qui ont identifié les corps ont raconté avoir constaté sur les victimes de nombreuses marques de brûlures de cigarettes et de coups de ceintures ainsi que de multiples impacts de balles au visage et à la poitrine. Les proches de certaines de ces victimes ont demandé des éclaircissements aux autorités nigériennes qui ont promis de faire la lumière sur ces assassinats.

 

« Amnesty International appelle les autorités nigériennes à ouvrir des enquêtes sur ces exécutions extrajudiciaires, à traduire en justice les responsables de ces actes et à fournir réparation aux parents de ces victimes. Les autorités doivent également faire clairement savoir aux forces de sécurité que de telles exécutions extrajudiciaires et autres violations des droits humains ne seront plus tolérées et que les responsables devront répondre de leurs actes devant la justice », précise aujourd’hui Erwin Van Der Borght, directeur du Programme Afrique d’Amnesty International.

 

L’organisation appelle également les autorités nigériennes et le MNJ à s’engager publiquement à respecter, en toutes circonstances, l’article 3 commun aux Conventions de Genève et de prendre des mesures concrètes pour assurer la protection des civils dans les zones de conflit. Amnesty International appelle,  en outre, les autorités nigériennes à respecter les normes relatives aux droits humains.

 

 Ce recours aux exécutions extrajudiciaires ainsi que la peur des combats entre l’armée nigérienne et les éléments du MNJ ont provoqué des déplacements de populations, à la fois sédentaires et nomades. C’est ainsi que la totalité de la population d’Iférouane (à 350 km au nord d’Agadez) a fui ce village pour trouver refuge à Agadez et à Arlit (à 200 km au nord d’Agadez).

 

« Ces populations déplacées ont, pour certaines, été accueillies dans leurs familles ou chez l’habitant. Mais ces populations déplacées doivent faire face à des difficultés de ravitaillement dans un contexte difficile où le prix des denrées de base a considérablement augmenté. Si la situation devait perdurer, les populations déplacées se retrouveraient dans une situation de plus en plus précaire», ajoute aujourd’hui Erwin Van Der Borght.  

 
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