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Occitanie : éditorial du Numéro 113 de la revue lo Lugarn

26 Février 2015 , Rédigé par Pellet Jean-Marc Publié dans #Lo Lugarn, #occitanie

Parti de la Nation Occitane. Lo Lugarn

Parti de la Nation Occitane. Lo Lugarn

En avant première, l'éditorial en Français du numéro 113 de la revue occitane Lo Lugarn. Je précise que l'éditorial du Lugarn est toujours bilingue et transcrit en Occitan dans deux versions graphiques.

Pour une action politique occitane lucide

Le Parti de la Nation Occitane est le seul parti politique occitan dont l’objectif déclaré est la création d’un État occitan indépendant réunifiant l‘Occitanie sous administration française, le Val d’Aran sous administration espagnole, l’État monégasque et les vallées occitanes sous administration italienne.

Pour l’instant seul le Val d’Aran jouit de la reconnaissance de son caractère occitan et d’une certaine autonomie accordée par la Generalitat de Catalogne. L’État monégasque est certes indépendant mais ne se définit pas comme État occitan. Les Vallées occitanes d’Italie sont noyées dans les grandes régions Piémont et Ligurie et ont peu de pouvoirs. Quant à l’Occitanie sous administration française qui comprend l’essentiel du territoire de notre nation, elle ne jouit d’aucune reconnaissance officielle de la part de l’État français.

Tout au plus, les langues de France, dont l’occitan, sont-elles mentionnées dans la constitution de la Cinquième République française depuis 2008 comme faisant partie du patrimoine de la France. La Charte européenne des langues régionales et minoritaires signée à minima en 1999 par la France n’est toujours pas ratifiée. La loi sur les langues régionales depuis longtemps promise se fait attendre.

Face à cet immobilisme programmé jusqu’au plus haut niveau par l'appareil d'État et la plupart des élus au delà des clivages, qu’a fait le mouvement occitan dans ses composantes culturelles et politiques ? Il a organisé toute une série de manifestations plus ou moins unitaires à Carcassonne en 2005, Béziers en 2007, Carcassonne en 2009 et Toulouse en 2012. Cette dernière a rassemblé plus de 30.000 personnes sur des revendications de respect de la démocratie linguistique et culturelle en France.

Force est de constater que l’objectif de peser sur les plus hautes instances de l’État pour le forcer à prendre en compte de manière sérieuse la diversité linguistique, a été un échec. Faudra-t-il revenir à la charge en organisant une nouvelle manifestation cette année ? Sans doute, cela sera nécessaire.

Le mouvement politique occitan a largement pris part à ces manifestations mais il a aussi participé comme il l’a pu aux consultations électorales diverses. Le Partit Occitan a noué une alliance électorale avec Europe-Ecologie-les Verts qui lui a permis d’obtenir l’élection de cinq conseillers régionaux en 2010.

Aux élections municipales de mars 2014, BASTIR ! rassemblement d’occitanistes politiques et culturels a réussi à faire élire 55 conseillers municipaux (parmi lesquels deux membres du Parti de la Nation Occitane) maintenant réunis dans l’Association des Élus Occitans.

Le Parti de la Nation Occitane, quant à lui, a présenté une liste d’ouverture aux élections européennes de mai 2014 dans la circonscription Sud-Ouest. Si l’objectif de tous ces engagements est la conquête progressive à terme du pouvoir politique en Occitanie par le mouvement politique occitan, il est clair que nous en sommes très loin. De plus, le système électoral qui ne nous était déjà pas favorable, l’est encore moins avec la réforme des collectivités territoriales. Que ce soit avec ou sans BASTIR !, nous avons très peu de chances d’obtenir des élus aux élections départementales de mars prochain dans les nouveaux cantons.

Pour ce qui est des élections régionales de décembre 2015, nous allons subir les effets délétères du regroupement technocratique des régions de l’État français. Même si le mouvement politique occitan avait représenté une force politique crédible, nous n’aurions pas pu peser sur les décisionnaires pour éviter des aberrations comme le regroupement de l’Auvergne avec Rhône-Alpes puisque la réforme a été préparée à Paris sans grande concertation.

Or, tant que nous n’aurons pas un grand nombre d’élus locaux et régionaux, nous ne serons pas pris au sérieux par l’opinion publique occitane. Y aura-t-il à nouveau des conseillers régionaux occitanistes en décembre 2015 ? Les alliances politiques de 2010 seront-elles reconduites ? Rien n’est moins sûr.

Dans ces nouvelles grandes régions, tout se passe comme si un des objectifs inavoués de la réforme était d’empêcher toute représentation politique de tous les petits partis dont les partis ethniques.

En outre, pour se présenter à des élections, il faut de l’argent et des ressources, choses dont nous manquons cruellement. Nous avons des partis politiques, des mouvements, des manifestes, des programmes. Donc, il existe une offre diverse mais visiblement, ce n’est pas suffisant et elle ne correspond pas à la demande.

Dans la marée humaine des manifestations « Je suis Charlie », il y a bien eu des militants occitanistes avec drapeaux et slogans en occitan mais ils ont été noyés dans la masse et le lavage de cerveau a bien fonctionné : fierté d’être français, drapeau tricolore, Marseillaise et discours du genre nous sommes tous de cette République une et indivisible. Les « Je ne suis pas Charlie » sont restés chez eux et parmi eux il y avait des gens de tous les bords et des occitanistes.

Au Parti de la Nation Occitane, nous tendons la main à tous les électeurs qui ont perdu leur identité occitane et se réfugient dans la surenchère chauviniste française par dégoût de la classe politique, peur de la mondialisation, rejet de l’Europe et de l’immigration. Nous leur offrons la civilisation occitane, le « paratge » comme nous l’offrons à ces jeunes déboussolés issus de l’immigration qui sont tentés par l’économie souterraine, le banditisme ou le djihad.

Mais ce ne sont que de belles paroles. Allons-nous à leur rencontre chez eux pour discuter, pour essayer de leur faire changer de point de vue ? Peut-être faut-il perdre l’arrogance de ceux qui pensent que leur parti est le meilleur et a le meilleur programme pour éviter de devenir un club d’anciens combattants occitanistes du troisième âge.

Si nous ne nous mêlons pas à la population occitane dans ses joies, ses peines, ses colères, si nous ne participons pas aux débats qui l’agitent, nous sommes morts. Non le salut pour l’Occitanie sous administration française ne viendra ni du Val d’Aran ni de Catalogne même si ce sont des exemples pour nous, il viendra de nous-mêmes et de notre capacité à écouter nos compatriotes et à les convaincre avec nos propositions.

Ces propositions seront le fruit de choix et selon les sujets ils ne plairont pas à tout le monde.

Nous avons un combat à mener. Il sera long et difficile et l’issue en est incertaine.

Il sera aussi celui de nouvelles générations que nous appelons, devant lesquelles nous nous effacerons et qui, il faut le souhaiter, feront mieux que nous.

En attendant, la nécessaire lucidité sur nous-mêmes ne doit pas nous empêcher d’agir pour trouver de nouveaux adhérents, des jeunes, des femmes sur la base d’un programme simple : vivre et décider chez nous et pour nous présenter quand même aux élections quand nous le pourrons.

Le Parti de la Nation Occitane sera ce que nous en ferons.

Jean-Pierre HILAIRE

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