Niger/Agadez/ Brigi Rafini dialogue avec les ex-rebelles

Ce n'est pas la première fois que les plus hautes autorités nigériennes discutent avec les rebelles ou les "bandits armés" suivant les sensibilités, et cela n'a pas empêché quelques années plus tard la reprise des conflits. Les mêmes causes produisant les mêmes effets je me permets de douter de ces palabres. Tant que le Nord-Niger n'accédera pas à une autonomie réelle les rebellions feront parties d'un cycle qui ne servira sûrement pas le peuple touareg. J'attends avec "impatience" la création d'un véritable mouvement politique touareg, démocratique et progressiste. Pellet Jean-Marc

Pour info sur le sahel

Mission du Premier ministre, Chef du gouvernement, à Agadez : des échanges francs avec les différents ex-fronts armés

Vendredi, 15 Juillet

Le Président de la République, Chef de l'Etat, SEM. Issoufou Mahamadou, a chargé Son Excellence Monsieur Brigi Rafini, Premier ministre, Chef du gouvernement, d'une mission à Agadez. A son départ, hier matin, à l'aéroport international Diori Hamani, le Premier ministre a salué par des membres du gouvernement et ceux de son cabinet, avant d'être accompagné au pied de la passerelle par le ministre de la Défense Nationale.

A Agadez, le Premier ministre a présidé un forum regroupant les différents ex-fronts armés en vue d'échanger sur les conditions d'un retour définitif de la paix et de la sécurité dans la région. Par cette même occasion, SEM. Brigi Rafini a réceptionné un lot d'armes et de véhicules remis par les ex-rebelles pour témoigner de leur engagement en faveur d'un retour de la paix dans notre pays.

SEM. Brigi Rafini est accompagné notamment de : M. Abdou Labo, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Religieuses ; M. Marou Amadou, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Porte-parole du Gouvernement ; Dr Abdoulkader Aghali, Directeur de Cabinet Adjoint du Premier ministre ; M. Anacko Mohamed, président du Conseil Régional d'Agadez ; Colonel Soumaila Garba, Chef du département Défense et Sécurité du Premier ministre.

Comments

[Mohamed]

C'est moi qui vous remercie car vous nous donnez là une belle occasion de nous exprimer sur notre communauté en donnant nos points de vue et nos propositions pour faire en sorte que nous lui
apportions quelque chose sur le plan des idées. Si nous acceptons de mettre notre ego de côté nous avons les capacités de faire des belles choses pour nous sortir des sentiers battus. Mais, si
nous acceptons de jouer les seconds rôles (chauffeurs, passeurs, guides, gardiens) nous serons toujours à l'écart en ramassant ce que les autres ont bien voulu nous jeter. Donc, au nom de la
fierté que nous chantons et du Achak qui détermine notre conduite partout, nous devons mettre notre genie à contribution pour nous en sortir et créer ainsi les bases de la renaissance de la
communauté touarègue au Niger. Nous devons profiter de chaque portion de pouvoir que nous exercerons pour initier des actions susceptibles de créer des opportunités à la jeunesse et aux femmes
pour asseoir les bases d'un développement profitable à tous. Il faudrait que nous arrêtions de nous exclure en nous murant dans des considérations aujourd'hui dépassées mais que nous voulons à
tout prix garder sans avoir les moyens de le faire. Cherchons la connaissance et la richesse pour ouvrir la voie vers le pouvoir.


Encore merci pour cette tribune et suis disponible pour tout échange au profit de la communauté touarègue.


Cordialement. 

[Mohamed]

Je suis parfaitement d'accord avec vous quand vous dites que notre avenir depend de nous et je crois qu'aujourd'hui avec l'installation des nouvelles autorités élues sur le plan local si nous
voulons faire quelque chose c'est l'occasion car avec à la tête de tous les organes un touareg (Conseil régional, Conseil communal, les communes rurales). Il y a aujourd'hui une nouvelle
dynamique des acteurs politiques de cette communauté qui ont compris qu'il est plus efficace de militer dans tous les partis politiques pour marquer sa présence partout afin de limiter
l'exclusion. Nous avons tenté l'expérience politique de créer l'UDPS mais force est de constater que cela n'a pas porté fruit même localement (voir les résultats de toutes les élections dans la
région). Donc, en se moulant dans le tissu politique nigérien nous aurons beaucoup à gagner. Notre plus grand défi est de pouvoir lutter contre la pauvreté et surtout l'ignorance. Si nous
arrivons à créer des écoles, des instituts techniques et universitaires et en aval on travaille pour amener le plus grand nombre d'enfants à aller à l'école et à y rester jusqu'à l'université
nous pourrons envisager voir notre communauté s'imposer dans l'avenir. Nous aurons besoin de medecins, d'avocats, d'hommes d'affaires (actuellement il n'y en a pas), des élites politiques
(actuellement nous n'avons que des situationnistes). Il faut aussi que nous ayons un objectif clair et que nous nous entendions sur les moyens à mettre en oeuvre pour son atteinte. Si nous ne
voulons pas que Niamey vienne regler nos problèmes alors il faut bien que nous les prennions en charge en créant les conditions nous-mêmes d'une paix dans cette région pour lui permettre de
redécoller. Avec un peu de volonté nous y arriverons. Aussi, il faut que nos élites se prennent au serieux et qu'elles prennent en charge les 'larmes' de ces pauvres gens et qu'elles mettent en
avant l'intérêt des gens et non le leur uniquement ou de certains de leurs parents.


Cordialement.

[Papadoc]

merci pour cette réponse.


Bon courage et sincères amitiés.

[MOHAMED]

Je voudrai ici réagir aux propos quelque peu pessimistes de M. Jean-Marc. Je ne crois pas que ce que le Premier Ministre a fait à Agadez et à Tillabey est une rencontre de plus qui n'apportera
rien. Non! Je pense qu'il faut reconnaître à M. Birgi Raffini cette belle initiative qu'il a eue car en connaisseur de cette communauté il sait comment l'aborder et comment l'amener à adhérer
pleinement à cette dynamique de paix. Pour ceux qui connaissent cette communauté ils vous dirons que la force ne l'obligera jamais à se taire ou à se laisser piétiner, mais c'est plutôt par le
dialogue, l'explication et surtout les échanges où chacun donnera son opinion futile soit-elle que les choses vont aller dans le sens voulu. N'oubliez pas que la société touarègue n'est pas une
société arstocratique comme les sociétés sédentaires où le chef décide au nom de ses sujets. La société touarègue est très démocratique c'est pourquoi, pour l'amener à adhérer à une politique, il
faut un débat avec des échanges souvent virulents mais qui à la fin accouchent d'une conduite commune à tenir. Ce que M. Birgi a fait est original et si cette dynamique continue il y aura de bons
résultats. Il faut quand même savoir que la paix ne se construit pas en se mettant en otarcie mais c'est en s'ouvrant aux autres, car on vit avec les autres souvent grâce aux autres et même à
cause des autres, que nous allons créer les conditions idoines de développement de cette zone. Aussi, par notre comportement, en tant que fils de cette communauté, que dépendra l'avenir de nos
enfants. Mais, pardon ne nous souhaitez pas de créer une entité indépendante propre à nous car dans ce monde aujourd'hui il n'y a pas d'avenir pour ce genre d'entités. Nous sommes nigériens et
nous le resterons avec notre caractère d'individus amoureux de liberté et de paix. J'encourage le Premier Ministre M. Birgi Raffini à perséverer dans cette voie et appelle tous ceux qui peuvent
apporter leur contribution à le faire pour que nos foyers retrouvent la quiétude et la dignité. Ce sont des genres de discours pessimistes comme ceux-là et de la mauvaise lecture culturelle de ce
qu'est la communauté touarègue de nos compatriotes qui ont toujours fait capoter les efforts de paix.

[Papadoc]

Cher Mohamed,


merci d'avoir pris du temps pour répondre à cet article. Il est bien évident que seul les touareg décideront de leur destin. Avec le peu d'expérience que j'ai du milieu touareg je doute
personnellement que l'entité touarègue puisse longtemps exister et se développer sans un pouvoir véritable. Ce n'est pas Niamey qui va faire ce travail. Loin de moi l'idée de décourager les
bonnes volontés, bien au contraire car c'est en se frottant à la réalité que l'on trouve ses limites. Cordialement