Soudan/vers la partition nord-sud du Soudan
Mais ce que ne disent pas les statistiques, c’est l’impact sur ce pays, le plus vaste d’Afrique et certainement le plus riche potentiellement. Un pays aux multiples guerres et d’aussi nombreuses fractures, comme en atteste également la situation dans la province du Darfour. Trop tard, devrait-on dire, tant la tentation sécessionniste est devenue encore plus grande, et c’est d’ailleurs l’une des clauses de cet accord. Les Soudanais en sont à régler les mécanismes de ce qui sera un référendum d’autodétermination des populations du Sud-Soudan, prévu en 2011. On se plaît de part et d’autre à souligner la nécessité de renforcer, sinon à préserver l’unité nationale, malgré cette catastrophe provoquée par l’homme, et pour laquelle il serait faux d’invoquer un quelconque complot extérieur. Sauf peut-être par la suite quand il y aura beaucoup d’accusations, ce qui n’est pas invraisemblable, une partie du Soudan échappant à toute autorité.
Les clivages sont devenus à ce point forts, qu’un tel effort semble vain puisque les appels à la sécession du Sud-Soudan se sont multipliés de la part de responsables sudistes, qui ont en outre accusé Khartoum d’implication dans des affrontements tribaux au Sud-Soudan. Une campagne avant terme, puisque l’indépendance de la partie méridionale du Soudan, un ensemble stratégique, il faut bien en convenir, qui constituera une zone tampon non seulement avec le Nord mais aussi entre deux parties du continent, ne ferait pas l’ombre d’un doute. Le « oui » devrait atteindre les 51%, à condition que le taux de participation atteigne les 60%.
L’enjeu n’est pas uniquement humain et géographique, avec cette forte odeur de pétrole que ni le Nord, et encore moins le Sud ne veulent perdre. Chaque partie entend mettre tous les atouts de son côté, mais les jeux ne sont-ils pas faits ? C’est-à-dire que l’essentiel reste et demeure cette question de la partition préalablement acceptée et qui va se jouer à travers un simple vote.
ParDepuis 1963, un conflit ethnique agite le Soudan: le conflit entre le Nord du pays, arabe et musulman, et le Sud, négro-africain comptant trois ethnies, les Nubiens, les Bertas et les Lwos ou Dinkas, appartenant à l'ensemble nilotique de religion chrétienne ou animiste. L'actuel dirigeant du pays, Gaffar Nemeiry, arabe musulman, a pris le pouvoir en 1969 et frappe alors d'abord les Frères musulmans, ensuite ses alliés communistes en 1971 . L'accord d'Addis Abeba le 26 février 1972 avait mis fin à la guerre civile entre le Sud et le Nord du pays et accordé l'autonomie régionale au Sud. Mais le 5 juin 83, le président Nemeiry a décidé de diviser le Sud en trois régions indépendantes, ce qui a eu pour effet de relancer l'insurrection dans les provinces de Bahr el Ghazal et du haut Nil. Mais surtout, Nemeiry, pour s'assurer les bonnes grâces des milieux intégristes arabes du Nord ct faire passer la pilule de la rigueur imposée par le Fonds monétaire international, a décidé l'application à la lettre de la charia avec son cortège de mutilations publiques (mains coupées pour les voleurs, etc.)
Si les chrétiens des ethnies du Sud peuvent jouir de la Dhimma (4), les animistes sont théoriquement tenus de se convertir à l'lslam. Voilà qui ne va certes pas contribuer à faire reculer les maquis de l'Anyanya II (5).